RESUME : Fathma est heureuse. Cela se lit dans son regard qui ne quitte plus Yamina et Massi. Jamais Nora ne l'a vue aussi sereine et calme. Elle invite Ramdhan et Massi à séjourner chez eux, mais Ramdhan refuse en promettant de revenir. Mahmoud a sympathisé avec Massi. Ce soir-là, Nora ne rentrera pas avec son mari et ses enfants. Elle tenait à rester avec sa sœur. Elle voulait savoir de ces années passées loin d'eux... - Allez, viens ! Nora doit prier sa sœur pour qu'elle accepte de s'asseoir sur le matelas qu'elle a installé en face du lit de leur mère. Ainsi, elles ne lui tourneraient pas le dos pendant qu'elles discuteraient à voix basse. Il y a longtemps qu'elle n'a pas surveillé le sommeil de sa mère. Au début, elle le faisait puis elle a engagé Hakima à plein temps. C'est elle qui s'occupait d'elle et gardait la maison. Ce soir, elle lui a donné sa soirée. Elle est dans la chambre d'amis. Elle s'y est installée depuis des années. Hakima a perdu ses parents dans un accident de la circulation alors qu'elle était au lycée. Un oncle l'a accueillie et aidée dans la vie. Après son échec au bac, elle avait passé un concours en paramédical. Une fois diplômée, Nora l'avait embauchée dans son cabinet. Elles avaient fini par se lier d'amitié. Hakima était devenue une sœur pour elle. Avec ce qui était arrivé à sa mère, Nora lui avait proposé de s'en occuper. Elle faisait son travail avec conscience. Hakima était la seule à qui elle pouvait confier sa mère et dormir tranquille. Cela n'avait pas été facile pour elle au début. Elle avait très mal vécu le fait d'avoir retourné chez elle. Le sentiment de l'avoir abandonnée lui avait causé bien des insomnies. Au moindre appel de Hakima, elle paniquait. Mais c'était au début. Sa mère n'avait pas eu de maladie et ne souffrait pas. C'est une chance. - Allez, raconte-moi... - Il me faudrait plus d'une semaine, plus d'un mois, même une année de temps, pour te raconter tout ce que j'ai vécu, murmure Yamina. Il m'en est arrivé des malheurs que je n'ai pas le cœur à raconter ! Sache seulement que j'ai vécu des moments difficiles et, el-hamdoullah, maintenant tout cela appartient au passé ! - Tu restes bien mystérieuse, dit Nora qui s'impatientait de connaître de quoi avaient été faites ces années de silence. Yamina, qu'est ce qui s'est passé ? Je suis ta sœur, j'ai le droit de savoir... C'était si dur ? Que t'est-il arrivé ? Tu as mal tourné ? - Non... non, la rassure la jeune femme les yeux pleins de larmes. Je t'en prie Nora, un autre jour... Yamina se lève et va à la salle de bain. Elle se rafraîchit le visage, ne voulant pas céder à l'envie de pleurer. Elle respire profondément, calmement. Les mauvais souvenirs ne doivent pas lui gâcher le bonheur d'avoir retrouvé sa famille. Le cœur serré, elle regrette toujours de ne pas être rentrée avant que sa mère ait eu sa crise cardiaque. C'est un miracle si elle a tenu toutes ses années. Sa sœur a bien pris soin d'elle. Elle voudrait en faire autant qu'elle. Dans l'après-midi, quand sa sœur a paniqué, elle a eu peur qu'il y ait eu une complication. Elle s'en serait voulu à mort d'en être la cause. Même si sa sœur et son beau-frère ont dit que ce n'était pas la première fois, elle n'a pas pu s'empêcher de penser que son retour y était pour beaucoup. Elle a eu un choc en la voyant. La fin de la journée l'a rassurée. La tension était redevenue normale, et après le dîner et sa toilette, elle s'était endormie comme un bébé heureux. Lorsqu'elle sort de la salle de bains, elle se rend dans la chambre de ses parents. Elle constate que Massi ne dort pas encore. Il écoute une émission de radio, cette même radio qui ne quittait pas son beau-père de son vivant. Il la mettait dans sa poche et elle lui tenait compagnie. Il les avait quittés. Il restait tous ses biens. Elle n'avait pas envie de dormir dans sa chambre. - Ça va ? lui demande Massi en la voyant regarder autour d'elle. - Oui, oui, répond-elle en s'efforçant de sourire. Massi s'est assis sur le lit et lui fait signe de le rejoindre, en tapant dessus. - Tu te plais ici ? lui demande-t-elle. - Oui, ta famille est adorable, répond-il. Tu en as de la chance ! - De la chance ? reprend-elle. J'aurais voulu retrouver ma mère en bonne santé ! Pouvoir parler avec elle, lui dire combien je regrette et combien je l'aime ! J'aurais voulu savoir et l'entendre me dire qu'elle me pardonne mes erreurs et ... ! Tu comprends ! Il n'y a que cela qui pourra apaiser la douleur qu'il y a au fond de moi ! - Elle t'a tout pardonné ! Ta mère t'aime ! Même si elle ne peut plus parler, ses yeux te l'ont dit ! réplique Massi avant de lui rappeler qu'elle avait mangé de sa main. Elle aurait pu le recracher mais au contraire, elle a apprécié tout ce qui venait de toi ! Cela devrait te rassurer et chasser à jamais ces idées ! (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus : [email protected]