Nous poursuivons notre analyse de la méthodologie du Coran dans la résolution des problèmes complexes entamée la semaine dernière lors de notre rendez- vous hebdomadaire, par un nouveau exemple. Celui de l'interdiction de l'usure, le Riba. Quatre versets du Coran, ont traité de la question du Riba ou Usure. Le premier verset a été révélé à La Mecque. Il faut se rappeler que la communauté musulmane à La Mecque, était au départ minoritaire. De plus la pratique de l'usure était très répandue parmi les Arabes. Il y avait, donc, péril à l'interdire subitement. Par ailleurs, le milieu mecquois était très fortement hostile à tout sentiment moral dans le négoce. Donc, ce qui était important pour une religion naissante, c'est d'annoncer l'initiative de solidarité et de justice dans les opérations d'échange. C'est pour tout cela que le premier verset révélé à La Mecque ne comporte pas une interdiction formelle du Riba ; Coran 30-39 “Ce que vous prêtez à usure pour accroître vos biens au détriment du prochain ne vous sera de nul profit auprès de Dieu. Ce que vous donnez, par contre, en aumône, quêtant la face de Dieu, voilà qui vous sera porté à plusieurs fois sa valeur". Notez l'approche pédagogique, cela commence par un questionnement, puisqu'il est dit : lorsque vous donnez (aumône) vous vous enrichissez et lorsque vous recevez (Riba) vous vous appauvrissez ! Quelques années plus tard, lorsque le Prophète (pbAsl) est bien installé à Médine, sont venus trois versets qui vont prohiber le Riba de façon catégorique. Au départ, face à des communautés juives et chrétiennes influentes à Médine, il fallait souligner que cette prohibition n'est pas le fait de l'Islam, puisque les Prophètes antérieurs ont déjà interdit le Riba ; Coran 4-160 “De même que nous sévîmes contre leur pratique de l'usure, qui leur était pourtant, interdite, et leur avidité à s'enrichir au détriment de leurs semblables. À ceux d'entre eux demeurés incrédules seront réservés les pires tourments". Ensuite, il fallait préciser que cette interdiction s'inscrit dans une finalité globale, à savoir la création d'une vie spirituelle et communautaire nouvelle; Coran 3-130 “Croyants ne pratiquez pas l'usure, multipliant abusivement vos profits. Craignez Dieu : vous n'en serez que plus heureux." Le quatrième et dernier verset relatif au Riba dresse un parallèle entre Riba (usure) et Zakat (aumône) pour mieux souligner les deux termes d'une antithèse ; Coran 2- 275 à 280 “Ceux qui pratiquent l'usure se lèveront (le jour de la résurrection) tels que des possédés touchés par Satan et cela parce qu'ils auront prétendu que le troc est assimilable à l'usure, alors que Dieu a permis le commerce et rendu l'usure illicite... Dieu réduit à néant le profit usuraire et accroît (le mérite) des aumônes". Il faut bien noter qu'ici l'usure fait référence à des pratiques d'individus et pas d'organisations spécialisées comme le système bancaire par exemple et il s'adresse à l'utilisation des prêts pour “s'enrichir au détriment de leurs semblables" ou encore qui “multiplient abusivement leurs profits." Ce sont là, les éléments fondamentaux de la méthodologie du Coran dans la résolution des problèmes complexes : approche graduelle, prise en compte du contexte dans lequel doivent se réaliser les commandements des versets, importance accordée aux rapports de force, à toutes les composantes de la société et aux minorités, dimension spirituelle et communautaires. D'où l'expansion rapide et l'accueil enthousiaste de l'Islam du début. À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme opposons la nécessité de l'optimisme !