Sara n'était pas particulièrement belle, mais elle avait ce quelque chose qui la rendait très attirante... Ce petit "grain de sel" qu'on appelait le charme... Eh oui ! La beauté prend parfois des détours inattendus... On dit que le charme s'accentuait au fur et à mesure que l'âge avançait. La preuve est que, souvent, on retrouve des femmes d'âge mûr encore belles et désirables. C'était le cas pour Sara... Elle n'est pas aussi vieille que ça. Mais enfin à trente-cinq ans, elle n'est pas de la prime jeunesse non plus... C'est ce que pensaient du moins ses amis et son entourage, à commencer par ses parents qui craignaient pour elle le célibat éternel... Quel crime ! Mais Sara ne pouvait se soumettre à leur insistance de la voir mariée, tant qu'elle n'avait pas encore trouvé "chaussure à son pied". Bien sûr, elle avait cessé de croire au prince charmant depuis longtemps, mais cela ne veut pas dire qu'elle allait se contenter de s'allier au premier venu. Non ! La jeune fille rêvait plutôt de rencontrer quelqu'un qui fera vibrer quelque chose en elle... Un peu d'amour, pourquoi pas ? Et puis ne dit-on pas que lorsqu'on prenait tout son temps pour choisir l'élu de son cœur, la récompense ne pouvait être que plus spectaculaire. Sara croyait dur comme fer à cette perspective. Pour cela, elle sortait tous les matins pour se rendre à son travail, tout en espérant rencontrer l'homme de ses désirs. Mais plus le temps passait, plus elle désespérait. Elle sentait que ses efforts d'être toujours présentable et sur son trente et un ne servaient plus à rien... De temps à autre pourtant, un homme la courtisait... Alors elle le laissait courir un moment, avant de tirer un trait final sur les tentatives de ce prétendant improvisé. Pourquoi ? Eh bien c'est clair : l'homme ne répondait pas à ses aspirations... Sara pouvait parfois deviner les intentions de ses courtisans... Elle savait que le physique n'était pas tout... Mais savait aussi qu'un bel homme ne pouvait passer inaperçu... Cependant si ce dernier se permettait un brin de causette avec elle, la jeune femme s'apercevait rapidement que son interlocuteur ne possédait pas l'intelligence ou le savoir requis. Pour Sara, un homme ignorant ne pouvait faire office d'un bon mari et d'un bon père. Souvent aussi, quelque audacieux lui faisait des propositions malsaines : sortir, se balader, aller manger quelque part... Pour finir par Dieu seul sait sur quoi. Ici aussi la jeune femme se mettait tout de suite sur ses gardes. Ces Roméo des temps modernes ne connaissaient rien au respect de la femme, et leurs intentions n'était pas toujours honnêtes... Alors autant les éviter... à ce rythme, vous en convenez, Sara devenait de plus en plus difficile et stricte dans ses relations. Certes, elle était toujours coquette et dépensait des sommes extravagantes pour son entretien, mais c'était plus pour se sentir en confiance que pour autre chose. Voici donc notre Sara livrée à ses rêves, sans pouvoir décrocher l'élu de son cœur. Un jour, alors qu'elle souffrait d'une rage de dent, la jeune femme, qui avait une peur bleue des blouses blanches et des dentistes, ne savait pas à quel saint se vouer. Elle tenta tant bien que mal de traiter "son mal" en absorbant d'énormes quantités d'anti-inflammatoires. Mais la douleur persistait... Pire, elle devenait insupportable. Le lendemain, sa joue arborait un abcès gros comme le poing... Ah quelle calamité ! Elle avait ce jour-là justement une réunion très importante et son directeur ne tolérait ni les retards ni les absences... Mais dans son cas, il n'aura qu'à jeter un coup d'œil sur sa pauvre joue qui prenait toutes les couleurs de l'arc en ciel, pour comprendre que la jeune femme subissait les caprices d'une dent gâtée dont la carie avait choisi ce jour-là justement pour se manifester et faire des siennes. (À suivre) Y. H.