Le ministère libyen de l'Intérieur a annoncé jeudi avoir saisi plus d'une centaine de chars à un groupe de partisans de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi qui se faisait passer pour des révolutionnaires dans la région de Tarhouna, dans l'ouest du pays. “Plus d'une centaine de chars et 26 lance-missiles ont été saisis" dans une caserne à Souk al-Ahad, près de Tarhouna (à une soixante de kilomètres au sud-est de Tripoli), où cette milice était basée, a indiqué lors d'une conférence de presse Abdelmonem al-Hor, le porte-parole de la Haute commission de sécurité qui dépend du ministère de l'Intérieur. Il a indiqué que l'enquête sur le double attentat à la voiture piégée qui a fait dimanche deux morts et quatre blessés à Tripoli avait permis de remonter au groupe. Les autorités avaient alors pointé du doigt des partisans de l'ancien régime. Cette milice, connue sous le nom de “Katiba al-Awfiya" (Brigade des fidèles), se faisait appeler en interne “Brigade du martyr Mouammar Kadhafi", l'ancien dirigeant libyen tué en octobre dernier, a ajouté le porte-parole. Il s'agit de la même milice qui avait pris d'assaut début juin l'aéroport de Tripoli bloquant le trafic aérien durant plusieurs heures, pour dénoncer le mystérieux enlèvement d'un de leurs chefs, avant que les autorités ne parviennent à les déloger et à reprendre le contrôle de la situation. “Nous avons cru que cette katiba défendait la Libye et la révolution, il s'est avéré que c'était en fait le contraire", a-t-il dit, ajoutant que le chef de la milice, Khaled Ibrahim Krid, avait été arrêté mercredi au cours d'une opération contre ce groupe qui s'était soldée par un mort et huit blessés parmi les forces de sécurité. Lisant un communiqué lors de cette même conférence de presse, le vice-ministre de l'Intérieur Omar al-Khadhraoui a indiqué auparavant que des “armes lourdes" avaient été saisies dans la caserne, “dont des roquettes", sans autre précision. Selon lui, 13 personnes en tout ont été arrêtées et trois autres ont pu s'échapper. Mercredi soir, le ministère de l'Intérieur avait fait état d'affrontements à Tarhouna entre des membres des services de sécurité et des hommes armés soupçonnés d'être impliqués dans les attentats de dimanche. M. Hor a reconnu par ailleurs que les forces de sécurité étaient infiltrées par des partisans de l'ancien régime et qu'un comité avait été formé pour enquêter sur cette question. Les attentats à la voiture piégée de dimanche ont ravivé l'inquiétude sur la fragilité de la situation sécuritaire en Libye. Jeudi, le Congrès général national (CGN), l'assemblée issue des élections du 7 juillet, s'est réuni à huis clos pour discuter de ce sujet. Selon des membres du CGN, le ministre de l'Intérieur Fawzi Abdelali a été sévèrement critiqué par les députés qui ont dénoncé le “laxisme" des forces de sécurité. M. Abdelali a salué de son côté dans une déclaration à la chaîne Libya al-Ahrar les efforts de son ministère qui a pu arrêter, selon lui, le principal suspect des attentats “trois heures seulement" après les attaques. Les services de sécurité avaient annoncé lundi l'arrestation de “plusieurs" personnes. Après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la population a puisé dans l'arsenal abandonné par l'ancienne armée. Dans le même temps, de nombreux ex-rebelles qui avaient combattu les forces kadhafistes se sont par ailleurs organisés en milices, faisant la loi dans le pays. Par ailleurs des affrontements tribaux jeudi dans la ville de Zileten, à 160 km à l'est de Tripoli, ont fait douze morts et des dizaines de blessés, selon les médias locaux citant un responsable des forces de sécurité. Selon le responsable, un différend entre deux familles appartenant à deux tribus différentes a mené à des affrontements impliquant des armes lourdes. “Des canons anti-aériens, des armes légères et des roquettes RPG sont utilisés dans la bataille. Jusqu'ici, nous avons un bilan de douze morts et de plusieurs blessés", a indiqué cette source. R. I./Agences