Confronté à une sévère baisse de popularité, le président français, François Hollande, a promis de passer à la vitesse supérieure sur ses chantiers. Et pour justifier ses retards quant à ses promesses électorales, le président socialiste a de nouveau convoqué la crise mondiale à Châlons-en-Champagne, où il effectuait son premier déplacement de terrain de la rentrée sociale. “Mon devoir, c'est de dire la vérité aux Français : nous sommes devant une crise d'une gravité exceptionnelle, une crise longue qui dure depuis maintenant plus de quatre ans", a-t-il lancé devant des syndicalistes venus entendre non pas du déjà entendu mais une feuille de route pour une sortie de crise. François Hollande a demandé aux français de faire preuve de patience car, selon lui, le changement promis n'est pas une somme d'annonces, mais une force qui exige du temps. “Non pas sur trois mois, pas davantage sur 12 mois, mais sur cinq ans", a-t-il déclaré. Taclé en permanence par l'opposition et sur tous les thèmes, Hollande doit également faire face à l'impatience des militants de sa coalition. À son arrivée à Chalon-en-Champagne, le président socialiste avait été fraîchement accueilli par le syndicat CGT, qui arborait une pancarte “Le changement, c'est pour quand ?", en allusion à son slogan de campagne : “Le changement, c'est maintenant." Chômage qui flirte avec la barre des 10% (près de 3 millions de personnes), croissance au point mort, flambée des prix de l'essence, kyrielle de plans sociaux dans l'industrie, ses électeurs s'impatientent devant la dégradation de la situation, selon les sondages publiés en France. Pour l'heure, le locataire de l'Elysée n'a fait qu'entériner l'accélération des réformes, sur le plan formelle. Il a ainsi rappelé qu'il avait convoqué une session parlementaire en septembre pour que le texte sur les “emplois d'avenir" soit adopté au plus vite pour créer 150 000 emplois d'ici à 2014 à destination des jeunes peu ou pas qualifiés. Il a également annoncé l'ouverture du chantier de la Banque publique d'investissement, qui doit participer au financement des petites et moyennes entreprises. Les collectivités locales vont aussi faire l'objet d'une réforme de leur financement. Un autre chantier : la possibilité accordée aux régions de gérer les fonds européens consacrés à leur territoire. Concernant la réforme du financement de la protection sociale, un serpent de mer depuis plusieurs années, Hollande a promis pour 2013 “des choix courageux" mais aussi “durables et justes". Sans les évoquer. En attendant, son gouvernement doit boucler le du budget 2013 pour lequel il lui faudra trouver au minimum 30 milliards d'euros en économies ou hausse d'impôts pour respecter l'objectif d'un déficit de 3% du PIB, ceci avec une croissance attendue à moins de 1%. Ce discours de rentrée d'Hollande a été sévèrement critiqué par l'opposition de droite : pour l'ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, ce n'est que “de la mousse, de l'écume". D. B.