Les socialistes n'ont pas la gueule de bois après la longue fête à la Bastille. Le jour d'après laisse peu de place à la joie, la situation économique n'ayant pas changé du jour au lendemain. François Hollande et son équipe se sont mis au travail dès hier. Avec les législatives dans le viseur. Paris De notre correspondant Le Parti socialiste rêve d'un grand chelem avec une victoire aux législatives en juin. La droite cherche à éviter la bérézina. François Hollande demande la majorité aux Français, le parti du président sortant rêve d'un troisième tour en sa faveur, qui obligerait le nouvel élu à la cohabitation. L'agenda de François Hollande s'annonce chargé : négocier avec l'Allemagne un nouveau pacte, avec plus de croissance, former un nouveau gouvernement et décrocher une majorité aux législatives. Pour tous les observateurs, la victoire de François Hollande au second tour de la présidentielle française constitue un défi à la vision allemande d'austérité pour combattre la crise en zone euro. La chancelière allemande a fait un pas vers la vision française, mais laisse peu de marge à la négociation. Après avoir parié sur la victoire de Nicolas Sarkozy, Angela Merkel a fait savoir que François Hollande sera désormais accueilli les bras ouverts par Berlin. Les résultats des élections grecques devront renforcer la position du vainqueur de dimanche. Plusieurs voix s'élèvent en Europe contre la politique d'austérité. à la recherche d'une majorité Sur le plan interne, sonnés par la défaite de Nicolas Sarkozy, les responsables de l'UMP tentent d'afficher unité et collégialité pour sauver les meubles. L'encore locataire de l'Elysée pour quelques jours a annoncé à ses fidèles qu'il ne conduira pas la campagne des législatives. L'UMP ne cherche pas à faire campagne sur son bilan sur «l'équilibre démocratique» : la gauche a la présidence de la République, le Sénat, les régions à part l'Alsace, les deux tiers des départements, quasiment toutes les grandes villes. «Ce serait inédit en France que tous les pouvoirs soient aux mains d'un seul parti, en l'occurrence les socialistes», s'indigne Nathalie Kosciusko-Morizet. François Hollande ne l'entend pas de cette oreille. Dès dimanche soir, le nouveau président de la République, François Hollande, a demandé une majorité à l'Assemblée. «Il faut donner une majorité au président de la République», a déclaré François Hollande, place de la Bastille. Quelques heures plus tard, son directeur de campagne, Manuel Valls, enfonce le clou : «Pour gouverner, il faut une majorité nette. J'en appelle à la mobilisation de tous ceux qui veulent le changement. Une cohabitation au mois de juin. Cela n'aurait aucun sens.» Les 10 et 17 juin prochain, les Français devront de nouveau voter pour renouveler l'Assemblée nationale. Les Français ont toujours donné une majorité dans la foulée du président qu'ils venaient d'installer à l'Elysée : Mitterrand par deux fois en 1981 et 1988, après dissolution, et Chirac en 2002. Politic Academy Le casting a commencé. Le président élu s'est rendu en début de matinée à son ancien QG de campagne, avenue de Ségur, dans le VIIe arrondissement de Paris, où il s'est enfermé avec plusieurs personnalités pressenties pour prendre des responsabilités – Pierre Moscovici, Manuel Valls, Jérôme Cahuzac, André Vallini et Delphine Batho notamment. «Pour le moment François Hollande s'organise, il consulte. A mon avis, il doit réfléchir au choix de son Premier ministre, il doit aussi aujourd'hui prendre les premiers contacts avec les dirigeants étrangers. Les choses se font calmement, dans la sérénité, dans la gravité aussi», remarque André Vallini, pressenti pour le ministère de la Justice. Pour le poste de Premier ministre, deux noms circulent dans les rédactions parisiennes : Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry.