Les syndicats de l'éducation ne sont pas près d'enterrer la hache de guerre avec leur tutelle. Le départ de Benbouzid n'atténue en aucune manière leur détermination à aller jusqu'au bout. “Nous sommes pessimistes même avec le nouveau venu", ont indiqué, hier, à Alger les porte-parole du CLA et du Satef. “Aura-t-il les mains libres pour remédier à la situation du secteur ?" se sont interrogés les conférenciers. La situation générale de l'Ecole, telle que présentée par les deux syndicalistes “est explosive". Selon eux, “40% des établissements vont atteindre une surcharge de 45 élèves par classe". Et d'ajouter que “60% des élèves n'ont pas reçu le livre scolaire, 50% n'ont pas eu leur emploi du temps et les inscriptions ne sont pas finalisées dans plusieurs établissements". Avec ces chiffres, les deux conférenciers assurent “qu'il n'y aura pas de rentrée", du fait de ces problèmes s'ajoutent aux autres qu'accumule le secteur. Cette situation engendrera, ont-ils averti, “l'absence de la vie scolaire, la hausse de la violence dans les établissements" et une hausse inquiétante de maladies professionnelles. “200 établissements sont en rénovation", ont-ils ajouté. Ces établissements dont les travaux toujours en cours “recevront les élèves". Une situation, estime Idir Achour, porte-parole du CLA, “difficile à gérer par les élèves qui n'arriveront pas à se concentrer". Il a rappelé, par ailleurs, que “la réalisation de 500 nouveaux établissements a été lancée en 2003". Neuf ans après, “aucun établissement n'est réceptionné, même si une centaine de lycées sera probablement livrée". Sur ce point précis, les deux syndicalistes estiment qu'une “commission d'enquête nationale sur la réalisation de ces établissements doit être instituée". En revanche, les deux conférenciers reconnaissent que cela n'est pas leur rôle. En outre, l'aboutissement de cette “revendication", est tributaire, estiment-ils, “de la volonté du pouvoir à faire dans la transparence ou de faire de la corruption un moyen de distribution de la rente". “Benbouzid laisse derrière lui une école en ruine", a encore indiqué Idir Achour, avant d'ajouter que cette année marquera “le 10e anniversaire de la réforme engagée par Benbouzid et on aurait bien aimé faire le bilan d'une décennie de réforme avec son initiateur". Peine perdue pour les syndicats, puisque “l'indétrônable" ministre de l'Education est remercié. Pour les syndicats, la réforme engagée par le département de l'Education “est en contradiction avec les orientations de la commission Benzaghou". Ils s'en lavent les mains et soulignent que cette réforme s'est faite, non seulement dans la précipitation, “mais en excluant tous les autres intervenants dans le secteur, à savoir les enseignants et les parents d'élèves". Sur un autre registre, Salem Sadali, porte-parole du Satef a estimé que “le concours de recrutement des enseignants était entaché de dérapages et de manque de transparence". Le nombre de nouvelles recrues est en décalage avec les besoins du secteur en nombre d'enseignants. Ils avancent une demande de 1 200 postes, avec seulement 7 000 recrues. Un déficit de 5 000 postes que “la tutelle veut récupérer en imposant des heures supplémentaires aux enseignants" et surtout “s'appuyer sur les candidats au pré-emploi", pour amortir cette charge. Salem Sadali a évoqué, d'autre part, le statut particulier du secteur. Sur ce, il a avancé que les syndicats “exigent la réouverture du dossier", car, selon lui “il a été rendu public en pleine période des vacances scolaires" et ne répond pas aux attentes des fonctionnaires. Les deux conférenciers ont également évoqué le problème des œuvres sociales et “l'échec flagrant" dans la gestion de ce dossier. Les salaires et le pouvoir d'achat des fonctionnaires de l'éducation ont été aussi abordés. Les deux syndicalistes ont dénoncé “les tentatives de la tutelle de disperser la corporation", avec la fragmentation des rangs et la provocation de conflits d'intérêts entre les travailleurs. M.M