La non-reconduction de Boubekeur Benbouzid à la tête du ministère de l'Education est diversement appréciée par les syndicats autonomes du secteur, contactés hier par nos soins. Pour la plupart d'entre eux, ce responsable qui a régné pendant 20 longues années sur le secteur n'a fait que cumuler les échecs et a conduit en conséquence l'école algérienne à la dérive. «Les syndicats ont toujours appelé au changement de la politique du système éducatif et non de la personne qui gère», précise à ce sujet Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). «Nous voulons un acte de fond remettant en cause le système mis en place». Pessimiste, il estime que «si Benbouzid a coulé l'école algérienne, rien ne prouve que son successeur ne va pas suivre ses traces (...) D'ailleurs, l'ex-ministre ne prenait pas ses décisions seul. Il appliquait celles décidées d'en haut. Bref, je ne vois pas les choses aller dans le bon sens». Selon lui, pour qu'il y ait un changement, il faut d'abord reconnaître que la réforme scolaire engagée par Benbouzid a été un vrai désastre. Achour Idir, porte-parole du Conseil national des lycées d'Algérie rejoint l'avis du Satef et rappelle que son syndicat a toujours lutté pour le changement de la politique de l'éducation nationale et non pour le changement du ministre. Selon lui, ce départ n'intervient pas suite aux contestations des enseignants et travailleurs du secteur, mais parce que c'est le souhait de l'ex-ministre. «Le ministre n'a pas été sanctionné, il a plutôt eu une promotion», dit-il, ajoutant que «Benbouzid n'a laissé que de mauvais souvenirs (...) Nous prévoyons d'ores et déjà une année difficile en raison des problèmes en suspens». Il cite comme exemple le problème de surcharge des écoles qui ne peut être résolu en 24 heures, alors qu'on est à quelques jours de la rentrée scolaire. Il cite également la surcharge de l'emploi du temps des élèves et des enseignants. L'ère de l'ancien ministre aura été marquée, selon le même syndicaliste, par plusieurs évènements de mauvais goût et qui resteront éternellement ancrés dans les mémoires. Il s'agit de sa tentative avortée de radier tous les enseignants en grève durant deux mois en 2003 et l'interdiction à la dépouille du syndicaliste Osmane Redouane de faire escale au lycée Emir-Abdelkader avant de rejoindre sa dernière demeure le 5 décembre 2007. M. Sadali précise dans un autre contexte que c'est le ministre qui a déclenché dans le secteur de l'éducation nationale une guerre sans fin. Il est également celui qui a mis en place une réforme catastrophique. M. Mériane Méziane, responsable du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a pour sa part souligné que son optimisme reste lié au combat mené par le syndicat et non au changement des responsables. Il rappelle que plusieurs doléances des professionnels du secteur restent en suspens, mais il reconnaît toutefois que plusieurs dossiers ont été pris en charge par Benbouzid. Il cite à titre d'exemple la réouverture du dossier du statut particulier, le régime indemnitaire ainsi que le dossier des œuvres sociales.