Demain sera une «journée sans enseignants». C'est du moins ce qu'envisagent, ne doutant pas de leurs capacités de mobilisation, les syndicats affiliés à l'Intersyndicale autonome de la Fonction publique qui ont animé un point de presse hier, pour s'exprimer une nouvelle fois sur la journée de protestation prévue le 5 octobre à laquelle ils ont appelée. Il s'agit du Satef, du CLA, du Cnapest, du Snapap, du Cnec et des sections Cnes. L'objectif étant de réitérer leurs revendications d'ordre socioprofessionnelles, dénoncer «le bricolage de la tutelle et défendre l'école publique» et exposer leur mécontentement «face à la situation catastrophique dans laquelle se débat le secteur de l'éducation». A l'unanimité, les intervenants ont averti : «Ils sont en train de pousser la situation au pourrissement. Nous voulons alerter l'opinion publique et éviter la grève mais si la tutelle continue comme ça, nous serons obligés d'adopter cette solution.» Le choix de la date du 5 octobre, qui coïncide avec la Journée mondiale de l'enseignant, n'est pas fortuit puisque, dira d'emblée Mohamed Salem Sadali du Satef, «c'est grâce aussi aux chérubins d'octobre 88 que nous sommes aujourd'hui ici en tant que syndicats autonomes pour défendre les droits des travailleurs». L'enseignant, un simple «instrument» Si la protestation est aujourd'hui inévitable, selon lui, «c'est que la colère couve dans le secteur. L'éducateur va mal, l'école aussi», fait-il remarquer avant de dénoncer les pouvoirs publics qui font de l'enseignant «non pas un éducateur mais un simple instrument». Il cite pêle-mêle, pour dresser le constat de l'école algérienne «version Benbouzid», le calvaire des contractuels «non payés depuis 4 ans» dont la «contractualisation est même bannie par la Fonction publique», la surcharge des classes, le délabrement des infrastructures scolaires ou encore l'augmentation du volume horaire. Ces syndicats, qui observeront une grève générale et un rassemblement devant le ministère le même jour, se disent plus que jamais mobilisés pour réussir leur action. «Nous ne faisons que porter les revendications de la base dont la situation catastrophique ne peut plus durer», dira encore Sadali. Ironique, M. Idir du CLA dira : «Ils nous ont promis des augmentations mais pas celles que nous avons voulues.» Allusion faite à l'augmentation du volume horaire, du nombre d'élèves et des erreurs dans les manuels scolaires. Sadali affirmera qu'il y a plus de 700 erreurs dans les manuels scolaires dont la confection est confiée par la tutelle à des «trabendistes», selon une autre intervenante. Achour Idir critiquera sévèrement la tutelle qui se targue d'avoir réussi la rentrée alors que, estimera-t-il, «jusqu'à présent, il n'y a pas de rentrée dans 30 à 40% des établissements et, là où rentrée il y a eue, il y a un manque d'enseignants». Le régime indemnitaire et le statut particulier ont été également débattus par les conférenciers qui ont insisté dans ce cadre sur la nécessité de relever le point indiciaire. C'est scandaleux que des enseignants soient maintenus dans la précarité», tonnera pour sa part Saïd Goucem, représentant du Cnes qui relèvera les menaces et intimidations de l'administration. «Nous sommes pour une gestion démocratique de l'université», dira-t-il par ailleurs. M. Boudiba du Cnapest évoquera les œuvres sociales, revendication principale de son syndicat alors que Sadali, qui tente de résumer la situation «catastrophique» du secteur, parlera carrément de «l'orientation idéologique de l'école algérienne, conçue comme un instrument de domination».