Après les événements vécus ces dernières semaines, c'est au tour de Kasserine de connaître un regain de tension. Ainsi, samedi, cette ville, située dans le centre-ouest de la Tunisie, a vécu des mouvements de protestation plus ou moins prévisibles. Des proches des victimes de “la révolution" ont protesté en occupant le siège du gouvernorat. Ils étaient des dizaines d'habitants à avoir occupé le bureau du gouverneur (préfet) qu'ils avaient occupé jeudi en signe de mécontentement avant d'être évacués. Ils ont alors poursuivi samedi leur sit-in dans les locaux de la centrale syndicale (UGTT). Vingt-trois d'entre eux ont déclaré observer une grève de la faim. Ces protestataires exigent travail, justice et indemnisation pour les blessés et proches des victimes de la révolution qui a renversé le régime de Zine El-Abidine Ben Ali en janvier 2011. Ils ont également exigé le départ du gouverneur, un membre du parti islamiste Ennahda au pouvoir. Fraîchement installé à la tête du gouvernorat, il est accusé d'avoir refusé de se charger du dossier des victimes de la révolution. Samedi soir, la télévision tunisienne montrait des images des protestataires occupant le bureau du gouverneur et portant les portraits de leurs proches décédés. Le gouvernement a rappelé samedi qu'une commission avait été chargée du recrutement dans la fonction publique des blessés et des proches de victimes. De son côté, le ministre des Droits de l'homme, Samir Dilou, a souhaité l'accélération d'une procédure législative pour la mise en place d'un comité devant arrêter la liste définitive des victimes en vue de leur indemnisation. Le dédommagement des morts et des blessés de la révolution (environ 300 morts et 2000 blessés selon les chiffres provisoires) a pris un grand retard en raison de la complexité du dossier. Les proches des victimes de Kasserine, région déshéritée et bastion de la révolte qui a fait 21 morts, avaient déjà observé un sit-in de plusieurs jours en août dernier dans les locaux de l'UGTT. Le gouvernement, dominé par Ennahda, a suscité la colère des familles de victimes, qui n'ont pas obtenu réparation, en annonçant en juillet vouloir indemniser les prisonniers politiques de l'ancien régime, des islamistes pour la plupart. Un deuxième rassemblement de protestation a eu lieu par ailleurs samedi à Kasserine. Quelque 200 travailleurs journaliers ont manifesté devant le siège de la mairie pour le paiement de leurs salaires de juillet et d'août. Le maire a tenté de négocier avec ces hommes en colère avant de faire fermer les portes de son administration gardée par la police et des militaires venus en renfort. I. O.