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Printemps arabe, automne islamiste, crispation et inquiétude en Hiver
L'horizon lointain de la normalisation dans le monde arabe
Publié dans Liberté le 28 - 01 - 2012

Petit tour d'horizon dans ce monde arabe qui a vécu son printemps révolutionnaire, puis un automne islamiste et maintenant un hiver sous le signe de la crispation et des inquiétudes.
Après la rentrée parlementaire -sous le signe islamiste- houleuse, la place Tahrir reprend du service en Egypte. La Libye post-Kadhafi plonge dans le chaos. Ali Saleh déménage aux Etats unis, laissant derrière lui de nouveaux germes pour la poursuite de la guerre au Yémen. En Syrie, Bachar al-Assad renvoie la Ligue arabe à ses classes et poursuit méthodiquement sa répression. En Tunisie, les islamistes, qui ont pris les commandes par effraction, sont confrontés à une réalité socioéconomique contre laquelle la religion ne peut absolument rien.
Le Caire a célébré la chute de Moubarak dans l'inquiétude
Chez “Oum-Dounia”, c'est la khalouta. Le pouvoir militaire a desserré pour l'an I de la chute de Moubarak l'état d'urgence en vigueur depuis 1978 ! La transition on ne sait vers quoi, se présente mal. De jeunes militants égyptiens se sont installés depuis jeudi sur la place Tahrir, au Caire, qu'ils ont promis d'occuper jusqu'à ce que les militaires du Conseil suprême des forces armées (CSFA) remettent le pouvoir à des civils. Et pour affirmer leur détermination, c'est au lendemain du premier anniversaire du déclenchement de la révolution qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, que les Egyptiens toutes tendances politiques confondues sont revenus sur l'épicentre de la contestation de l'hiver dernier. Ces rassemblements ont cependant mis en lumière les divisions et les tensions sur les suites de la transition politique. Les militaires du CSFA ont pris les commandes du pays après le renversement de Moubarak, le 11 février dernier. Ils ont promis de restituer le pouvoir aux civils après l'élection présidentielle, prévue pour le mois de juin. Mais, c'est dans un climat de foire d'empoigne que les Frères musulmans ont élu le président du l'Assemblée du peuple égyptienne. Pourtant, avec le second gagnant de ces premières élections libres, en-Noor, des islamistes plus tranchants, el-Ikhouan sont désormais au cœur du jeu politique en Egypte, possédant à eux deux près des trois-quarts des sièges. Le nouveau président de l'Assemblée, un spécialiste de botanique médicale (achaab), secrétaire général du Parti de la liberté et de la justice, a beau assurer qu'il “œuvrerait pour une Egypte démocratique et moderne et pour le respect de la liberté d'opinion, el-Ikhouan ne rassurent pas tout le monde, d'autant que le PLI doit tenir compte d'En-Noor, plus radical en ce qui concerne la question des femmes, les libertés de conscience et culturelles. Le vice-président du Parlement est un membre de ce parti forgé par les wahhabites. Il n'y a pas que les laïcs et modernistes à se faire du souci. Les Coptes, un dixième de la population se demandent à quelle sauce ils seront mangés. Cent mille d'entre eux sont partis ces derniers mois aux Etats unis, au Canada et en Nouvelle-Zélande. L'armée au pouvoir depuis la chute du président Hosni Moubarak en février 2011 a donc transféré les pouvoirs législatifs qu'elle détenait à la nouvelle assemblée, mais c'est insuffisant pour les islamistes qui exigent tout le pouvoir qu'ils ont gagné par les urnes.
La Libye post-Kadhafi dans le chaos
Trois mois après l'assassinat inhumain de Kadhafi, la Libye semble inexorablement sombrer dans le chaos. En à peine cinq jours, les autorités libyennes de transition ont essuyé quatre revers de taille, comme un symbole patent de leur échec. Samedi, le siège du Conseil national de transition à Benghazi, pourtant berceau de la révolution, a été envahi par les manifestants, après avoir été visé par des grenades. Le lendemain, c'est le vice-président Abdelhafidh Ghoga qui a été contraint à la démission, après avoir été victime jeudi d'une agression à l'université de Ghar Younès. Lundi, ce sont des partisans présumés pro-Kadhafi lourdement armés qui, à la surprise générale, ont repris dans le sang le contrôle de la ville de Bani Walid, ex-bastion kadhafiste au sud-ouest de Tripoli. Au centre de la tourmente, le président du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil, a exclu pour l'heure une démission du CNT. Brandissant la menace d'une guerre civile, l'homme fort de la Libye nouvelle a accusé des mains cachées d'être responsables des dernières violences. Pourtant, aux dires des habitants de Benghazi, il est d'ores et déjà le prochain sur la liste des démissionnaires. Le CNT dont personne ne sait comment son cooptés ses membres, se heurte désormais aux aspirations de la population. Les Libyens sont convaincus que ce CNT n'a jamais rompu avec l'ère Kadhafi. Formée d'anciens apparatchiks de l'ex-régime libyen, en décalage complet avec les aspirations des thouwars, l'institution pèche par un mode de gouvernance opaque, toujours basé sur le clientélisme de ses cadres. Ces derniers se réunissent dans des lieux secrets pour statuer sur l'avenir du pays. Le même mystère entoure la redistribution des richesses du dictateur disparu, que la communauté internationale a décidé de débloquer. Mais le véritable fléau qui menace même les voisins, reste la prolifération d'armes à travers le pays. Si celles-ci ont permis aux troupes rebelles de se débarrasser du Guide libyen, elles approvisionnent désormais les milices tribales et Aqmi dans le Sahara.
Ali Saleh s'enfuit aux States, la guerre civile au Yémen s'exacerbe
Officiellement, l'ex-président yéménite part se faire soigner aux Etats-Unis. Un an de contestation et de violences et enfin un changement de pouvoir. Le président yéménite Ali Abdallah Saleh est intervenu dimanche à la télévision pour annoncer qu'il allait partir se faire soigner aux Etats-Unis, et donc quitter le pouvoir. Une première dans les mœurs des dirigeants arabes, Il a aussi prié ses compatriotes de l'excuser pour “toute éventuelle défaillance lors de ses 33 années de règne !” Son départ était prévu. En novembre, à Ryad, Saleh avait signé un accord de transfert de ses pouvoirs à son vice-président et allié, Abd-Rabbu Mansour Hadi, jusqu'à une élection présidentielle anticipée prévue le 21 février. Avant de plier bagage, le dictateur de Sanaâ a promu son poulain Hadi au grade de général, afin de s'assurer que l'armée demeure la principale institution du pays. Enfin, en vertu de l'accord de Ryad, il avait obtenu l'immunité judiciaire pour les actes commis sous sa présidence, grâce à une loi votée en début de semaine par le Parlement. Une précaution peu appréciée des opposants, qui accusent les forces contrôlées par le chef de l'Etat d'avoir tué des centaines d'opposants. Les manifestations ne se sont pas arrêtées au Yémen. Ali Saleh à qui les Etats unis et l'Arabie Saoudite ont prêté main-forte, laisse un pays dramatiquement divisé.
Bachar el-Assad tourne le dos à la Ligue arabe
Un coup d'épée dans l'eau, voilà le résultat de l'activisme de la Ligue arabe dont des dirigeants sont de la trempe du dictateur de Damas. La Ligue arabe, pressée par le Qatar et l''Arabie Saoudite, a préconisé le départ “en ordre” de Bachar el-Assad puis s'est ravisée in extrémis pour accorder à celui-ci du temps. Pourtant, Damas a rejeté dans le fond et dans la forme toutes les propositions arabes et Bachar al-Assad n'est pas du tout près de tourner la page de son horrible répression. La Ligue essaye, ni plus ni moins, que de faire du neuf avec du vieux. Dimanche, le rapport remis par les observateurs de la Ligue arabe qui ont sillonné la Syrie depuis le 26 décembre, a conclu que le président syrien devait quitter le pouvoir dans les deux mois et le remettre à son vice-président, Farouk el-Charah, chargé de mettre en place un gouvernement d'union nationale qui organisera des élections législatives et présidentielles.
Un scénario à la yéménite qui a fait chou blanc car Bachar el-Assad a des soutiens de poids auprès de la Russie et de la Chine, qui bloquent systématiquement toute condamnation de leur protégé au Conseil de sécurité de l'Onu. Pour l'un et l'autre des deux pays, la question des droits de l'homme est leur dernier souci. Celui de Moscou : que demeure à Damas un pouvoir ami.
Elle veut continuer à bénéficier de facilités portuaires à Tartous, son seul port en Méditerranée. Poutine multiplie ces dernières semaines les envois d'armes à Damas. En dépit des sanctions internationales contre la Syrie qui interdisent les ventes d'armes, Bachar el-Assad vient de passer commande de 36 avions Yak-130. Les Chinois, c'est plus complexe, ils n'ont pas d'intérêts directs en Syrie mais leur soutien est motivé par leur souci de faire plaisir aux Iraniens, des alliés de Damas et qui approvisionnent en flux tendu la Chine en pétrole. Le rapport de la Ligue arabe est également contesté par l'opposition, celle de l'intérieur comme celle de l'étranger. Seul point positif, estime-t-elle : il est prévu que faute de mise en œuvre de son plan, la Ligue arabe irait devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Le Qatar, qui a supplanté les Saoudiens depuis le déclenchement des printemps arabes, travaille la Ligue arabe pour cette option. Il n'est pas sûr que la Russie et la Chine s'y résolvent. Et tandis que sur la scène internationale, on tourne en rond, le nombre de civils morts en Syrie atteint 5.400 et la vie est devenue très difficile dans le pays : les Syriens n'ont plus d'emplois, plus d'argent, le fioul manque, il fait très froid, et la nourriture commence à se faire rare.
Ennahda confronté aux réalités du pouvoir en Tunisie
La Tunisie, précurseur des printemps arabes et de l'automne islamiste est sujet de vagues de contestation. Les manifestations ont repris de plus belle, après une petite accalmie due aux premières élections libres dans le monde arabe, qui ont vu les islamistes d'Ennahda rafler la mise sans avoir pris part à la chute de Ben Ali. La situation économique du pays ne cesse de se dégrader et le parti de Ghannouchi n'a rien à offrir “hormis les incantations et les prières”, disent aujourd'hui les Tunisiens, y compris ceux qui ont voté pour son parti. La semaine dernière, le feu de la révolte avait pris à Makthar, au centre de la Tunisie. Durant six jours, les habitants ont bloqué tous les accès. Leurs revendications ? Faire de leur localité comptant près de 30 000 âmes, un gouvernorat. Pour les Maktharis, il s'agit avant tout d'une “reconnaissance”. En réalité, l'association de développement et des chômeurs de la localité, qui occupe l'ancien bureau du RCD, le parti du président déchu, Ben Ali, revendique le droit au développement et une assistance publique, contestant la répartition des 500 millions de dinars alloués au développement des régions par le gouvernement de couleur islamiste. Une goutte d'eau pour ce dossier si sensible en Tunisie et qui a été pour une grande part le déclencheur de la révolution du Jasmin. Des régions du pays, comme Makhtar, contestent, par ailleurs, le fait que les nouvelles autorités n'ont d'yeux que pour Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa, “comme s'il n'y avait que eux qui avaient fait la révolution”. Un an après le départ de l'ancien dictateur, les Tunisiens réclament toujours le droit au travail et à la dignité. Et l'impatience monte. Outre Makthar, Jendouba a aussi été secouée par une importante vague de protestations. À Gafsa, une grève générale a été observée dans les écoles, les administrations, les banques... À Redeyef, foyer de la contestation de 2008, une trentaine de travailleurs journaliers ont fait une grève de la faim. Et à peine un foyer de contestation s'éteint qu'un autre s'allume. Même la Marsa, banlieue huppée de la capitale, n'a pas échappé à cette vague. Depuis deux semaines, les éboueurs ont cessé de travailler : des ordures jonchent le sol. Face à la multiplication des manifestations, Samir Dilou, porte-parole du gouvernement et ministre des Droits de l'homme, s'est adressé aux citoyens la semaine dernière à la radio : “On comprend vos revendications, mais vous devez également faire preuve de patience et de compréhension... Le pays est en crise.” Le président Moncef Marzouki avait appelé à une “trêve sociale de six mois”. Mais, six mois, c'est long pour les gens qui n'ont rien et auxquels Ennahda avait promis le paradis sur terre. Les ministres d'Ennahda, adulés hier, se font huer aujourd'hui et, pour essayer de contenir la population, le gouvernement islamiste fait appel aux nervis de… Ben Ali qui doit se marrer depuis sa résidence en Arabie Saoudite.
D. B.


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