Une phrase que nous entendons souvent : “J'ai mal au dos..." Comme si en disant cela nous allions trouver un remède à ce mal. Dans la grande majorité des cas, quelle que soit leur intensité, les douleurs de dos sont dues à des problèmes mécaniques de la colonne vertébrale ou à des contractures musculaires. Cette douleur du dos, le plus souvent appelée lombalgies car son point de départ est la région lombaire, quand elle s'accompagne d'une propagation descendante vers les jambes on l'appellera lombosciatique (inflammation du nerf sciatique). La question qui vient à l'esprit (pour comprendre ces douleurs de dos), cette douleur est-elle due à l'usure de la colonne vertébrale ou à l'inactivité physique ? La réponse est soit l'une, soit l'autre, soit les deux. Prenons l'exemple d'un “sportif algérien" qui a pratiqué depuis son jeune âge plusieurs sports : football, judo, footing, jogging sans aucune méthode et occasionnellement de façon irrégulière et inadaptée, et cela à chaque fois qu'on fait appel à lui pour un match de football de quartier, passant par toutes les catégories, jusqu'à arriver à la catégorie vétéran, il aura mal au dos à chaque fin de compétition à partir de l'âge de 30 ans. Un autre n'ayant jamais pratiqué de sport se voit un jour gros devant son miroir, allant jusqu'à se détester, et le surpoids va léser les articulations de la colonne vertébrale. Le troisième, un ancien “sportif" qui a arrêté depuis des années et ayant pris du poids. Ce sont trois exemples de douleurs de dos les plus fréquemment retrouvés. Le mal de dos semble être le mal du XXIe siècle. Le lumbago est une crise de lombalgie aiguë ou subaiguë ; le plus souvent, la crise survient lors d'un effort de relèvement ou au cours d'une crise de toux, que le patient ait porté ou non un poids. La lombalgie est un état douloureux du rachis lombaire, c'est ce qu'on appelle un mal de reins. Le médecin déconseillera un repos strict au lit et prescrira des myorelaxants, des antalgiques et des anti-inflammatoires. Contrairement aux idées reçues, le repos prolongé (alitement) a des effets néfastes. En effet, des études scientifiques montrent qu'il compromet les chances de guérison et se comporte en facteur de chronicisation du lumbago, il est responsable d'une fonte musculaire qui favorise la récidive. Passés les premiers jours, il faudra reprendre une activité compatible avec sa douleur. Le mécanisme du lumbago est complexe, car entre chacune des vertèbres de la colonne vertébrale se trouve un disque intervertébral qui assure le rôle d'amortisseur du dos. Les disques intervertébraux sont constitués au centre d'une partie molle et gélatineuse (noyau) qui est entourée d'un anneau fibreux et rigide. Lors d'un lumbago, l'anneau fibreux se fissure et la gélatine du noyau vient s'y immiscer. L'anneau étant très innervé, cela va engendrer une douleur vive et une contraction réflexe des muscles du dos. La douleur n'est pas proportionnelle à la lésion, elle dépend notamment de l'état psychique et du stress ambiant qui vont abaisser le seuil de perception douloureuse et le seuil de réaction musculaire locale. Lorsque les épisodes de lumbago se répètent, les fissures du disque s'agrandissent pour arriver à ce qu'on appelle l'hernie discale ; cette hernie peut comprimer une racine nerveuse entraînant des douleurs et des sensations bizarres (paresthésies) dans le territoire innervé par la racine comprimée, le plus souvent c'est le nerf sciatique. Le malade, après avoir suivi à la lettre les conseils et le traitement du médecin, va récupérer progressivement, mais il est impératif d'instaurer une hygiène du dos, elle comporte des mouvements corrects de la vie quotidienne où une hygiène posturale est indiquée, à savoir garder le dos bien droit et les genoux fléchis lorsqu'on se relève, que l'on ramasse un objet ou que l'on porte des charges, etc. Il y a aussi des mouvements pour se lever le matin : il s'agira de basculer sur le côté puis se relever d'un bloc, toujours la colonne droite. La gymnastique joue un rôle important, il faut la pratiquer au moins un quart d'heure tous les matins, elle limitera les risques de lumbago en renforçant les muscles du dos et les muscles de l'abdomen. L'activité physique régulière adaptée est dans tous les cas primordiale : marche active, natation, notamment le dos, et des étirements musculaires quotidiens. Dans les pays développés, certaines entreprises employant des personnes qui sollicitent beaucoup leur dos (manutentionnaires et déménageurs) organisent des enseignements d'ergonomie du dos par le biais de la médecine du travail et des plans de prévention de maladies professionnelles. L'ergonomie permet de rechercher les meilleurs compromis possibles entre les exigences du système du travail et le fonctionnement de l'homme. Il s'agit donc pour l'ergonome de contribuer aux évolutions des situations de travail, non seulement sous l'angle des conditions matérielles, mais également en prenant en compte l'ensemble des aspects socio-organisationnels. Au-delà des améliorations des conditions matérielles de travail qu'il ne faut pas négliger, l'ergonomie participe pleinement dans son champ de compétence à faire évoluer les modes de gestion et d'organisation de travail. Par les connaissances qu'elle développe, l'ergonomie contribue à ce que les évolutions du travail répondent d'une part aux exigences d'efficacité et de fiabilité des systèmes de production ou des services, et d'autre part aux exigences de confort, de sécurité et de satisfaction du travail pour les hommes et les femmes qui assurent le fonctionnement de ces systèmes. Chez nous, on est très très loin de cette optique. Déjà pour le changement d'activité d'un employé malade du dos, malgré un dossier médical complet prouvant que ce patient à des problèmes de dos qui sont accentués par le métier exercé, il ne trouvera aucune écoute, ni de la part de l'entreprise qui l'emploie ni de la part du médecin du travail qui “travaille pour l'entreprise". Tout en ayant à l'esprit que la santé est notre capital, il est impératif d'essayer de suivre les exemples venant d'ailleurs. La douleur peut venir d'ailleurs ! Notre corps est subdivisé en plusieurs parties. L'abdomen par exemple comprend les flancs droit et gauche, les fosses iliaques droite et gauche, l'épigastre, l'hypogastre, ensuite le dos et les régions lombaires droite et gauche... Vous avez mal quelque part au niveau de votre corps, vous ressentez une douleur régulièrement dans une zone que vous pensez “fragile", mais l'origine de votre souffrance peut traduire un problème dans votre corps, c'est pour cela qu'il ne faut jamais sous-estimer toute douleur persistante ou cyclique, et ne pas prendre une automédication en rentrant chez n'importe quel vendeur de médicaments. Je dis bien vendeur de médicament et non pas pharmacien, car tout est devenu commercial. Une consultation ne peut être que bénéfique, même si le mal ne peut être que temporaire, mais le médecin peut faire un diagnostic précis. Prenons des exemples : Chez la femme, il est assez courant qu'une lombalgie peut provenir des organes génitaux, d'un souci gynécologique, surtout si la douleur apparaît lors des menstruations. Une consultation chez un gynécologue peut faire découvrir soit une endométriose, surtout si cette dernière n'arrive pas à concevoir un enfant. L'endométriose qui est une prolifération de la muqueuse utérine sur les organes de voisinage et sur le système nerveux, leur irritation sera à l'origine d'une douleur de dos, elle est aussi source de stérilité et d'infertilité. Une échographie pelvienne et utérine peut donner des renseignements très en faveur de la pathologie citée, appuyée par une IRM. Soit un fibrome qui est une tumeur bénigne de l'utérus qui peut être à l'origine d'une douleur de dos. Cela peut être aussi une inflammation des ovaires d'origine hormonale ou kystique. Sans oublier qu'un colon peut être à l'origine d'une lombalgie répétitive. Des micro-calculs rénaux touchant l'homme et la femme en relation avec un manque d'hydratation peuvent donner un mal de dos plus “sourd" mais néanmoins gênant. Une radio standard, à savoir un abdomen sans préparation, associée à une échographie rénale peuvent montrer des images d'opacités calciques se projetant au niveau de l'aire rénale droite ou gauche, avec un retentissement ou pas sur le rein (dilatation). Chez nous, dès que le malade a une douleur lombaire, sachant que la région lombaire est le siège anatomique des reins droit et gauche, il consulte rapidement un urologue qui, une fois l'échographie faite, ce dernier va rassurer le malade en lui disant que les reins sont sains. Personne ne peut imaginer la joie du patient malgré la douleur persistante. Une fois que cette douleur de dos est étiquetée d'origine rhumatismale, le patient va la supporter sans souffrir parce que les reins sont fonctionnels. L'Algérien en particulier – et l'être humain en général – a une peur bleue de l'insuffisance rénale, car elle nécessite des cures de dialyse. En conclusion, toute douleur persistante cyclique et inexpliquée nécessite une consultation afin d'éliminer une pathologie grave, en ayant toujours à l'esprit que la santé est notre capital. B. A. K.