Le deuxième hommage rendu par le Sila était porté sur le parcours du dramaturge et l'écrivain qui partageaient une passion et une lutte commune. Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, un hommage a été consacré aux “écrivains martyrs" : Ahmed Réda Houhou et Mouloud Feraoun. Organisé par la 17e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila), cet hommage s'est tenu, avant-hier, à la salle Ali-Mâachi, au Palais des expositions. Constitués de traducteurs, familles et experts sur le parcours de ces deux hommes, les conférenciers sont revenus sur la vie et les œuvres de ces deux écrivains assassinés avant l'indépendance et qui partageaient une passion et une lutte commune. Pour commencer cet hommage modéré par l'écrivain Waciny Laredj, le traducteur de l'œuvre la Terre et le Sang, a présenté à l'assistance un texte de Mouloud Feraoun, portant sur la littérature algérienne qui connaît la “contrainte d'un peuple qui ne peut pas avoir accès à sa langue natale à cause de l'écriture en langue française". Réagissant au débat entre écrivains francophones et arabophones, au lendemain de l'indépendance, Rachid Feraoun (fils de Mouloud) a précisé que'“il faut rappeler qu'à l'époque, les écrivains pieds-noirs traitaient les Algériens comme des indigènes incultes. Alors qu'Albert Camus ne parlait pas du tout des Algériens et il écrivait comme s'il était en France. Il fallait qu'une personne leur réponde. Mouloud Feraoun, lui, a demandé de le faire. Mais Camus a refusé. À partir de ce moment-là, il a commencé à écrire en démontrant que “nous n'étions pas les indigènes caricaturés dans les ouvrages de l'époque". Toujours à ce sujet, Rachid Feraoun a insisté dans son allocution que “Mouloud Feraoun n'est pas un écrivain français ou arabe. Mais, seulement un écrivain. La littérature est l'art de faire passer un message au-delà des mots". “Ils évoquaient dans leurs œuvres la situation sociale et la guerre. Ces deux hommes n'étaient pas seulement des écrivains mais aussi des penseurs", a souligné Waciny Laredj. Le dramaturge Ahmed Réda Houhou est parmi les premiers, après Mahieddine Bachtarzi, à avoir “adapté des pièces théâtrales françaises en arabe comme la Vendeuse de roses et l'Avare, a fait savoir Salah Lembarkia. . Concernant ses œuvres, le modérateur Waciny Laredj, a signalé que “70% de la production d'Ahmed Réda Houhou n'a jamais été rassemblé et je souhaite que cela se fasse pour les prochains salons". Présente à l'hommage, la comédienne Farida Saboundji, a témoigné avec une grande émotion sur sa rencontre, sa collaboration avec le dramaturge et le jour de son décès en 1956. H M