Comment peut-on traiter ou conceptualiser le terrorisme ? À l'aune de la pratique terroriste de ces dernières décennies, le phénomène prend des proportions inquiétantes. Au-delà du fait qu'il s'est internationalisé grâce notamment “à la spectacularisation et les moyens modernes de communication", dont il se nourrit et tire sa force, les racines d'un tel phénomène sont à chercher dans les mouvements anarchistes qu'ont connus les pays européens dans un passé récent. Ces mouvements, comme l'a expliqué, hier, Jean-François Daguzan, expert et directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, lors d'une conférence-débat tenue à Alger, se nourrissent de la faiblesse des Etats. Comme exemple, il a cité l'Irak, le Yémen... Quoi de plus normal lorsque la situation d'un pays est sujette à la domination par des forces occultes. M. Daguzan a rappelé que le terrorisme s'inscrit ou naît dans des sociétés constituées, “où des personnes contestent" une orientation politico-idéologique de leur Etat. À partir de ce fait, des personnes versent dans la logique de “changer les choses par le biais et l'image de la terreur". Néanmoins, il a ajouté que ces mêmes porteurs de ce projet de changement par la terreur “provoquent un effet inverse". Plus explicite, il s'est appuyé sur le résultat contraire obtenu par les anarchistes européens de la 2e moitié du XIXe siècle qui défendaient les idées de gauche. Une juxtaposition avec le mouvement jihadiste islamiste, qui prétend défendre l'islam et ses préceptes, nourrit, justement, les appréhensions faites de cette religion. Exposant ensuite une historiographie du terrorisme depuis les siècles derniers contre, notamment, les monarchies féodales européennes, M. Daguzan a souligné que le terrorisme islamiste est encouragé et soutenu comme moyen de pression. “La guerre afghano-russe était la première étape de l'apparition du jihadisme", a indiqué l'invité de l'Institut national des études stratégiques globales. La gloire des “futurs" jihadistes en Afghanistan laissait penser qu'“une victoire peut en apporter une autre", d'où “le retour de ces combattants dans leurs pays d'origine", dont l'objectif “est de lancer des mouvements jihadistes internes". M. Daguzan a ajouté que la période de structuration de ces mouvements remonte à la première guerre du Golfe. Durant ces années, M. Daguzan a appelé ces activités terroristes “le jihadisme local". Ensuite, vint l'étape de l'internationalisation avec les évènements du 11 Septembre 2001. Cette étape marque le fléchissement des mouvements jihadistes locaux, chassés pour la plupart, de leur pays d'origine, exemple des terroristes algériens battus en Algérie, se sont repliés sur les frontières des pays du Sahel. Sur ce point, l'expert français a indiqué que “seule une coopération entre les différents pays agissant dans cette zone peut venir à bout de ce phénomène", qui se conjugue avec le narcotrafic. Pour M. Daguzan, le combat à mener contre le terrorisme est celui de la justice. M M