Les élections législatives et présidentielle n'auront pas lieu en juin 2013 comme l'a proposé la troïka et certaines organisations de la société civile. Le panel qui a présidé, avant-hier, le “dialogue national", s'est opposé à la date fixée de ces échéances. Le groupe qui a présidé le dialogue national, estime que la décision de la troïka au pouvoir de tenir les prochaines élections en juin 2013 est hâtive. En revanche, l'opposition souhaite notamment que l'élection présidentielle se tienne avant les législatives, ont fait savoir certains intervenants représentant quelques partis et organisations, à l'issue du congrès. Ils étaient au moins 70 organisations, dont une quarantaine de partis politiques tunisiens, à avoir rejeté la date du 23 juin 2013 pour la tenue des élections législatives et présidentielle, qui avait été fixée par la coalition au pouvoir. “Nous considérons que le 23 juin proposé pour la tenue des élections n'est pas adéquat pour la société tunisienne en raison de plusieurs inconvénients parmi lesquels la tenue des examens nationaux universitaires et du baccalauréat", indique le communiqué publié à l'issue de ce dialogue national. Curieusement, le communiqué était déjà établi avant même sa lecture alors que certains intervenants défilaient encore pour exposer leurs propositions. Comme si les jeux étaient déjà faits. Le communiqué lu par le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Houcine Abassi, l'initiateur du congrès, réclame aussi que la présidentielle ait lieu avant les législatives. Autrement dit, le congrès n'a pas fixé de calendrier alternatif. La coalition au pouvoir, composée des islamistes d'Ennahda et des partis de centre-gauche du Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, était parvenu, le 13 octobre, à s'entendre sur la nature du futur régime politique et sur un calendrier électoral. Les participants au congrès du dialogue national ont par contre salué quelques points positifs dans le compromis scellé par la troïka. Le document publié s'est ainsi félicité du choix de la coalition gouvernementale d'instaurer un régime politique mixte, avec un chef de l'Etat élu au suffrage universel. Il est toutefois à rappeler que les islamistes d'Ennahda ont, pour leur part, longtemps défendu bec et ongles un système parlementaire pur, avec des pouvoirs concentrés dans les mains du chef du gouvernement, avant de se rétracter ces derniers temps. Les détracteurs du communiqué encouragent toutefois la troïka à dialoguer davantage avec l'opposition au sujet du partage des pouvoirs entre le président et le Premier ministre. Aucun mot n'a été soufflé par les organisations participantes quant à la date limite concernant l'adoption de la Constitution par l'Assemblée nationale constituante (ANC). Ces organisations se sont plutôt contentées d'évoquer le début de l'année 2013. La nouvelle Loi fondamentale devra recueillir les deux tiers des suffrages de l'ANC pour être adoptée. Les principales forces politiques s'étaient initialement engagées à rédiger la Constitution tunisienne avant le 23 octobre 2012, soit un an, jour pour jour, après l'élection de l'ANC. La classe politique divisée Le congrès du dialogue national a également invité l'Assemblée et le gouvernement à mettre en place d'ici décembre prochain des instances indépendantes chargées des élections, des médias et de la justice. Aucun consensus à ce sujet n'a pour l'heure été établi au sein de la troïka. Signe des profonds tiraillements au sein de la classe politique, Ennahdha et le CPR ont boycotté le dialogue national du 16 octobre en raison de la participation du principal parti d'opposition, Nida Tounès (l'Appel de la Tunisie), fondé par Béji Caïd Essebsi en juin. Le congrès s'annonçait pourtant décisif puisqu'il visait à mettre un terme aux désaccords sur la Constitution et le calendrier électoral. Le Premier ministre, Hamadi Jebali, issu du parti islamiste, et le président Moncef Marzouki, qui appartient au CPR, ont néanmoins fait une brève apparition lors du rassemblement, qu'ils ont qualifié d'“initiative positive". Dans le même sillage, les islamistes d'Ennahda et le Congrès pour la République (CPR) ont expliqué leur boycott de la réunion qui devait se tenir mardi notamment par la présence du Mouvement Nidaa Tounès (l'Appel de la Tunisie) de Béji Caïd Essebsi, qui était à la tête du deuxième gouvernement de transition après la “fuite" du président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. Côte à côte, le CPR et Ennahda accusent Caïd Essebsi de rassembler les tenants du régime déchu et de remettre en cause la légitimité du gouvernement de coalition dominé par Ennahda. L'UGTT a organisé ce “dialogue national" auquel participeront une quarantaine de mouvements politiques afin d'aboutir à un calendrier d'adoption de la Constitution dont la rédaction traîne en longueur et les Tunisiens prennent encore leur mal en patience. I. O.