A l'approche de la date d'expiration du mandat de l'Assemblée constituante et du gouvernement transitoire, issu de cette Assemblée, selon d'autres analystes qui redoutent une crise, dès le 23 octobre prochain, date fixée pour la finalisation de l'élaboration de la constitution. Onze partis et plusieurs personnalités politiques indépendantes se sont réunis cette semaine au Palais des Congrès pour constituer un « Front populaire ». Objectif de ce mouvement, qui constitue un troisième pôle politique aux côtés de la troïka au pouvoir (Ennahdha, le Parti du congrès pour la République et Ettakatol) et de la troïka de l'opposition (Nidaa Tounès, le Front Al Massar et le parti Al Jomhouri) : dégager du pouvoir le mouvement de Ghannouchi qui veut instaurer la charia à petits pas et réaliser les objectifs de la révolution du 14 janvier 2011. « C'est la meilleure alternative pour gouverner le pays durant la prochaine étape et réaliser les objectifs de la révolution, à la faveur de son programme clair et ses hautes compétences », déclare le SG du Parti des travailleurs, Hama Hammami, lors du lancement officiel de ce Front populaire, qui se présente comme une « force de changement » à même de « jeter les fondements d'une République civile et démocratique » et de résister aux projets rétrogrades et diktats extérieurs. « Fort d'une approche monétaire, fiscale et sociale efficace et de solutions réelles à tous les problèmes du peuple tunisien, le Front populaire, qui est convaincu que le chômage et la marginalisation ne sont pas une fatalité inéluctable, va s'engager dans les prochaines élections », a annoncé Ahmed Seddik, SG du Parti de l'avant-garde arabe. En attendant l'été 2013, la Tunisie patauge dans des tensions sociales, des difficultés économiques et la violence des extrémistes religieux. A Thala, une organisation disant représenter les 40.000 habitants de cette ville du centre-ouest, qui a payé un lourd tribut à la révolte de janvier 2011, menace de faire sécession si ses revendications économiques et sociales ne sont pas entendues !Certains partis, comme le Front populaire, exigent la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale constituante et la mise en place d'un « gouvernement de crise réduit composé de compétences nationales ». La troïka de l'opposition se réveille, elle aussi. Elle compte organiser un meeting samedi prochain à Tunis sous le thème : « 23 octobre 2012, une feuille de route pour relancer l'espoir ». Béji Caïd Essebsi, le leader de Nidaa, compte tirer la sonnette d'alarme. Selon lui, « l'avenir de la Tunisie est incertain ». L'Union générale tunisienne du travail ne compte pas rester les bras croisés. Elle appelle les partis et la société civile à ouvrir un dialogue national à partir de mardi prochain sur les prochaines échéances politiques. Comme la rédaction de la constitution, prévue initialement pour le 23 de ce mois, le régime politique (parlementaire selon Ennahda, présidentiel ou mixte, selon les autres partis politiques) et la situation sociale et sécuritaire du pays. Vers une coalition contre Ennahdha qui « flirte » avec l'extrémisme, selon l'analyse de la fondation Carnegie Endowment for International Peace ? Le Congrès pour la République, le parti du président Marzouki, adhère à cet appel de l'UGTT. Ettakatol, de Mustapha Ben Jaâfar, qui enregistre des défections pour « compromission » avec les islamistes, appelle à une réorganisation de la troïka.