La classe politique tunisienne était réunie mardi à Tunis pour négocier un consensus sur le contenu et le calendrier d'adoption de la Constitution en présence du président Moncef Marzouki et le Premier ministre Hamadi Jebali, un islamiste, malgré le boycott de leurs partis.Ce rassemblement de plus de 40 partis s'est ouvert au Palais des Congrès, à l'initiative de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), pour sortir des "tiraillements" qui retardent la rédaction du texte fondateur de la Tunisie post-révolutionnaire par l'Assemblée nationale constituante (ANC)."Les tiraillements se sont multipliés, les conflits se sont accentués" depuis la révolution de 2011 qui a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali, relève le secrétaire général de l'UGTT Houcine Abessi dans le quotidien La Presse."On a pensé qu'une force devait émerger pour lancer une initiative afin de faire retomber les tensions et réunir autour d'une table les protagonistes", a-t-il expliqué.Signe des conflits persistants, deux des trois partis de la coalition au gouvernement, les islamistes d'Ennahda et le Congrès pour la République du président Marzouki, ont annoncé lundi boycotter la réunion en raison de la présence d'un parti d'opposition honni, Nidaa Tounès (l'Appel de la Tunisie).Cette force politique croissante dirigée par Béji Caïd Essebsi, le deuxième Premier ministre de transition après la révolution, est accusée de rassembler les tenants du régime déchu et de remettre en cause la légitimité du gouvernement dirigé par Ennahda.Cependant, mardi matin, le chef de l'Etat et le Premier ministre ont tout de même fait le déplacement au "dialogue national" organisé par l'UGTT.Avant de repartir, M. Marzouki a indiqué dans un bref discours soutenir cette initiative afin de "garantir les droits et libertés" des Tunisiens, et empêcher "le retour de la tyrannie".Cette réunion intervient après que la coalition au pouvoir --Ennahda et ses alliés de centre gauche CPR et Ettakatol-- a annoncé dimanche avoir enfin trouvé un compromis sur la nature du futur régime politique et sur l'organisation de législatives et d'une présidentielle le 23 juin.Cependant, il leur faut trouver un consensus plus large, la Constitution devant être adoptée par une majorité des deux tiers des députés de l'ANC.Par ailleurs, une partie de l'opposition, Nidaa Tounès en tête, considère que le gouvernement perdra sa légitimité le 23 octobre, un an jour pour jour après l'élection de l'ANC, les principaux partis s'étant engagés à rédiger la loi fondamentale en l'espace d'une année.Les autorités admettent que ce calendrier initial est intenable mais considèrent que leur légitimité reste intacte.Dans ce contexte, le secrétaire général de l'UGTT a indiqué mardi qu'il aurait "préféré" que la coalition annonce son compromis sur la Constitution et le calendrier électorale à l'issue de la réunion de mardi afin de forger un consensus aussi large que possible