Projeté mercredi soir à la Cinémathèque, Fidaï de Damien Ounouri, reconstitue le parcours d'El-Hadi Benadouda, un ancien moudjahid au sein de la Fédération de France du FLN. Damien Ounouri accompagne son grand oncle El-Hadi dans son village à Annaba, puis en France, sur les sentiers de ses souvenirs... refoulés. Tout commence lorsque Damien Ounouri arrive en Algérie pour la première fois, avec une manchette de journal, où l'arrestation d'El-Hadi Benadouda est rapportée. Le moudjahid qui était prêt à offrir sa vie au FLN et à l'Algérie pour faire triompher la justice accepte de se confier à la caméra et de raconter son parcours sur lequel il est resté silencieux et vague, même avec ses enfants. Le documentariste creuse le passé de son grand oncle qui lui raconte que lorsqu'il a rejoint la France en 1958, il avait commencé par payer les cotisations au FLN. Mais soutenir financièrement n'était plus suffisant pour le jeune homme qui avait 19 ans à l'époque. Il décide alors de devenir fidaï, de vivre dans la clandestinité avec la possibilité de mourir à chaque instant. De son village à Annaba, où El Hadi emmène Damien vers une maison abandonnée où l'armée française procédaient à des tortures, jusqu'au sud de la France, où il revient sur les lieux de son premier attentat. El-Hadi Benadouda devait “liquider" un responsable du Mouvement national algérien (MNA). Une opération qui a échoué parce que le pistolet n'a pas fonctionné. La deuxième opération confiée au “fidaï" est le meurtre du gérant d'un café, accusé de détourner les cotisations du FLN. Opération réussie mais la police retrouve la trace de El-Hadi Benadouda à Paris et l'arrête. Fidaï, coproduit par l'Algérie, la France et la Chine, s'articule autour de reconstitutions, de témoignages et quelques passages fictionnels ponctués par des déclamations de poésie. Le documentaire (qui a participé l'an dernier au concours du scénario des JCA mais n'a pas été retenu, ce qui n'a pas empêché son auteur de lui donner vie et de lui trouver des financements), qui mise sur l'émotion et l'empathie, présente un homme qui s'est battu pour ses idées et qui est très pudique et discret par rapport à son apport et son sacrifice. Même s'il est peu évident au départ, le besoin de témoigner était fort chez El-Hadi Benadouda, qui croyait avoir tourné la page de sa propre histoire, mais qui a fini par prendre conscience que ses souvenirs sont restés intacts, qu'ils n'ont pris aucune ride. Le documentaire Fidaï de Damien Ounouri inaugurera la 4e édition du Festival du film arabe de Berlin, prévu du 5 au 11 novembre prochain. S. K.