On pourra toujours contester le verdict d'un jury, mais il a tranché. Son choix est irréversible. Sofia Djama a reçu le prix du meilleur court métrage pour “Mollement un samedi matin", et Damien Ounouri celui du meilleur documentaire. “Mollement un samedi matin" de Sofia Djama a remporté, vendredi soir, le prix du meilleur court métrage aux troisièmes Journées cinématographiques d'Alger (JCA), organisées du 14 au 19 octobre à la Cinémathèque algérienne. L'idée de ce film, originale, raconte l'histoire d'une jeune femme, victime d'une agression. Le personnage a failli être violé, et décide donc de déposer plainte. “Mollement un samedi matin" suit les péripéties d'une jeune femme qui n'arrive pas à trouver sa place, à s'adapter, dans une société très violente, notamment envers les femmes. Une violence qui se vit au quotidien. On pourrait considérer ce film comme une succession de clichés relatifs à la société algérienne, mais il est surtout une compilation de nos pires dérives, et pointe souvent le doigt sur de vrais problèmes. Outre l'aspect thématique, le court métrage est pauvre cinématographiquement. Il est certes original par son propos mais sans aucune surprise par son esthétique. Sa projection jeudi dernier, en compétition aux côtés de 11 autres courts métrages, a suscité une vive émotion, traduite par des applaudissements au milieu de la séance, mais “Mollement un samedi matin" est loin de faire l'unanimité. Il a certainement été récompensé pour son propos audacieux et proche de la réalité algérienne. Le jury a également décidé d'accorder une mention spéciale à Mounia Meddour, pour son court métrage “Edwige". Le court métrage s'intéresse à Edwige, une femme de chambre qui mène une vie sans fard et sans fantaisie, jusqu'au jour où elle décide de prendre sa vie en main. Le film, bien fait, développe un propos d'une banalité contemporaine, relatif à l'insatisfaction d'être au monde. Dans la section documentaire, c'est “Fidaï" de Damien Ounouri qui a décroché le Grand prix. Le documentaire est un voyage dans les souvenirs du grand oncle du réalisateur, El-Hadi Benadouda, ancien moudjahid de la Fédération de France du FLN. “Fidaï" (Algérie, France, Chine) s'articule autour de reconstitutions, de témoignages et de quelques passages fictionnels ponctués de déclamations de poésie. Le documentaire (qui a participé l'an dernier au concours de l'écriture de scénario des JCA mais n'a pas été retenu, ce qui n'a pas empêché son auteur de lui donner vie et de lui trouver des financements), qui mise sur l'émotion et l'empathie, présente un homme qui s'est battu pour ses idées et qui reste très pudique et discret par rapport à son apport et à son sacrifice. Le jury a également accordé une mention spéciale dans cette catégorie à “Foreign" de Miriam Fassbinder, qui traite du thème de l'émigration clandestine. Par ailleurs, le prix du public a été attribué à Hamid Benamra, pour son documentaire “Bouts de rêves et bouts de vie". Un film qui fait découvrir sous une autre facette des personnages comme Miriam Makeba, Marcel Khalifé, ou encore Henri Alleg. Les JCA ont pris fin, même si la programmation était dense, les Journées ont permis au public (hélas, peu nombreux !) de découvrir des cinémas venus d'ailleurs, mais avec une place de choix pour le cinéma algérien. S K Palmarès Meilleur scénario fiction : “Point de fuite" de Mehdi Labidi. Mention spéciale fiction : “Tahya El-Djazaïr" de Fodil Merbah. Meilleur scénario documentaire : “Mon papa était révolutionnaire" de Menad Mebarek. Meilleur documentaire JCA : “Fidaï" de Damien Ounouri Mention spéciale documentaire JCA : “Foreign" de Miriam Fassbinder. Meilleur court métrage JCA : “Mollement un samedi matin" de Sofia Djama. Mention spéciale court métrage JCA : “Edwige" de Mounia Meddour. Prix du public : “Bouts de rêves et bouts de vie" de Hamid Benamra.