Constat - Les Journées cinématographiques d'Alger, qui ont été clôturées, hier, ont démontré l'existence d'une pléiade de jeunes cinéastes algériens évoluant notamment dans le court métrage. «Il y a la graine de jeunes réalisateurs», dira Mohamed Bensalah, critique de cinéma. Et d'ajouter : «Tous passionnés de l'image, ils veulent embrasser la carrière de cinéaste.» Mohamed Bensalah déplore toutefois que cette jeune génération – la relève et, du coup, l'avenir du cinéma algérien, en dépit des nombreuses difficultés auxquelles il est confronté – soit écartée. «Elle est malheureusement marginalisée, parce que, d'une part, ce sont de jeunes cinéastes qui débutent dans le métier et parce que, d'autre part, ils évoluent dans le court-métrage», regrette-t-il. Mohamed Bensalah déplore que le court métrage soit un format souvent déprécié, considéré comme un sous-genre, voire un parcours de novice. «Il se trouve que le court métrage est une capacité d'innover», soutient-il, et d'insister : «Ces jeunes cinéastes prennent en charge le renouveau du cinéma algérien.» D'où la nécessité d'offrir plus d'opportunités à ces derniers d'exprimer leurs besoins cinématographiques et de montrer leur talent. «Aujourd'hui, le cinéma algérien est à repenser, et pour relancer cette dynamique, il faut faire avec les jeunes qui sont l'avenir de ce secteur longtemps laissé à l'abandon. Il faut les aider à décoller, leur offrir les possibilités et leur procurer les espaces favorables à leur émergence, donc à leur épanouissement.» Quant à la question de savoir si le court métrage peut constituer un passage obligatoire pour un jeune cinéaste, Mohamed Bensalah estime que «le court métrage est certes une école, un exercice de style, mais à aucun moment il ne peut être considéré – exclusivement – comme le premier pas et que le long métrage en sera le but, voire la finalité». «Pour un créateur, c'est l'œuvre en question qui compte et non pas le format dans lequel cette dernière est réalisée», explique-t-il. De son côté, Rachid Benallal, cinéaste et scénariste algérien, dira : «Si on se tourne vers le court métrage, seulement parce que les conditions pour réaliser un long métrage n'existent pas, cela exigera de gros financements, de grands moyens techniques et une importante présence sur le plateau du tournage.» Rachid Benallal, pour qui le court métrage ne peut être nécessairement un chemin forcé pour un jeune débutant dans la réalisation, reconnaît, en revanche, que «dans le court métrage, on a plus de liberté d'expression et de création, ce qu'on n'a pas cependant dans le long-métrage», estime-t-il. Douze courts métrages de jeunes réalisateurs algériens ont alors concouru, jeudi, à la cinémathèque d'Alger, et ce, dans le cadre des Journées cinématographiques. Composés de fictions et de documentaires, les films projetés devant un jury international présidé par le réalisateur algérien, Saïd Ould Khelifa, s'inscrivent dans la diversité : le choix des sujets traités par les réalisateurs, la qualité et le choix des plans de tournage. - Mollement un samedi matin, une fiction signée Sofia Djemaâ, a reçu le prix du meilleur court métrage. Le film raconte les déboires d'une jeune femme algérienne, victime d'une agression, presque d'un viol social. Edwige, un film de Mounia Meddour, qui raconte la solitude et la routine et leurs conséquences dévastatrices, a reçu la mention spéciale du jury. Dans la catégorie documentaires, le jury, composé, entre autres, du documentariste palestinien, Achraf Mashharawi, a attribué le premier prix à Damien Ounouri pour son film Fidaï sur les mémoires de son grand oncle, combattant de la Fédération de France du FLN. La mention spéciale du jury pour cette catégorie a été attribuée à Foreign de la réalisatrice allemande, Mirriam Fassbinder, retraçant le parcours d'un jeune Malien traversant l'une des plus anciennes routes d'Afrique pour rejoindre l'Espagne pour une vie meilleure. Dans le même cadre, deux ateliers ont été organisés pour l'écriture et la réalisation de documentaires qui ont abouti à l'attribution du prix du scénario du court métrage à Mehdi Labidi et d'une mention spéciale pour Fodhil Merbah. Le prix du meilleur scénario documentaire a été attribué à Mennad Mbarek. Le prix spécial du public, attribué selon les votes du public, a été décerné au long métrage de clôture Bouts de rêves, bout de vie de Hamid Benamra. Le film est un voyage à travers les histoires de personnages célèbres comme Henri Alleg, Miriam Makeba ou Aziz Degga.