Ce phénomène, devenu structurel, s'explique, selon lui, par la conjonction de trois facteurs, à savoir les perturbations fréquentes au niveau des prix des produits, le monopole et la spéculation. “L'inflation est devenue structurelle et s'est accélérée durant les deux dernières années." C'est ce qu'a indiqué, hier, Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, à l'occasion de sa présentation du rapport annuel de la situation financière et monétaire du pays durant l'année 2011, à l'Assemblée populaire nationale (APN). M. Laksaci a mis l'accent, dans sa présentation, sur l'inflation structurelle qui constitue, selon lui, “un véritable danger pour l'économie nationale". Et pour cause, cette inflation augmente continuellement atteignant en 2009 un taux record, et ce, en dépit “des capacités de résistance de la situation financière algérienne à la crise financière mondiale de 2008 et 2009 dont les effets sont encore attendus avec la crise qui sévit dans la zone de l'euro", a-t-il tenté d'analyser. Durant le 1er semestre de l'année 2011, l'inflation a atteint 5,7% et 4,5% durant le 2e semestre. Ce taux a progressé à 7,29% en juin 2012 et a atteint 9,2% en mars de la même année. Aux yeux du gouverneur de la Banque d'Algérie, trois facteurs internes sont à l'origine de cette hausse de l'inflation : les perturbations fréquentes au niveau des prix des produits, le monopole et la spéculation. Dans le même ordre d'idées, M. Laksaci a mis en garde contre la faiblesse de la diversification de l'économie nationale “qui rend la stabilité financière de l'Algérie relativement précaire" depuis plusieurs années face aux chocs extérieurs liés au marché mondial de l'énergie. Aussi et tout en indiquant que “la croissance économique globale a reculé en 2011 de 2,4% contre 3,4% en 2010", M. Laksaci l'explique par le “ralentissement du secteur des travaux publics", alors que parallèlement les secteurs de l'agriculture et des services de l'administration publique ont connu une croissance nette. “Une situation qui a engendré un recul de la croissance hors hydrocarbures de 5,2% en 2011 contre 6% en 2010." Il fera observer dans le même temps qu'“avec un prix moyen annuel du baril de pétrole à 112,94 dollars en 2011 contre 80,15 dollars en 2010, et une baisse de 4,89% des exportations des hydrocarbures à 71, 66 milliards de dollars, les exportations hors hydrocarbures ont augmenté de leur côté de 25,77% à 1,22 milliard de dollars contre 970 millions de dollars en 2010, ce qui confirme la constance de la faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures et la faiblesse de la diversification et la compétitivité de l'Algérie à l'étranger". Evoquant les importations des produits, il soutiendra qu'elles ont atteint 44,94 milliards de dollars en 2011, en augmentation de 15,56% par rapport à 2010, en raison de l'augmentation des importations des produits alimentaires et de consommation. La balance globale des paiements a atteint 20,06 milliards de dollars en 2011 contre 15,33 milliards de dollars en 2010, alors que le volume global de la dette extérieure était estimé à 4,4 milliards de dollars à fin 2011 contre 5,68 milliards de dollars en 2010, grâce à la baisse de la dette extérieure à court terme à 1,14 milliard de dollars, et la dette à moyen et long terme à 3,26 milliards de dollars. Les réserves de changes, quant à elles, se sont élevées à 182,22 milliards de dollars, soit en augmentation de 20 milliards de dollars par rapport à 2010. “Une gestion prudente des réserves de changes pour sécuriser les investissements et réaliser un rendement appréciable va de pair avec l'objectif stratégique visant à renforcer à moyen terme les finances extérieures", a recommandé M. Laksaci. Par ailleurs, la Banque d'Algérie a mis en branle son dispositif de contrôle interne des banques et établissements financiers pour lutter contre le blanchiment d'argent et le transfert illicite de devises. C'est ainsi que 38 missions de contrôle des filiales et services des établissements financiers publics et privés ont été menées durant l'année 2011. Ces opérations ont été effectuées dans 20 établissements financiers sur les 27 existants en Algérie. “Ces opérations ont permis un examen objectif du phénomène du blanchiment d'argent et le transfert des fonds dans les transactions du commerce extérieur". 19 opérations de ce genre, effectuées dans onze établissements, ont été consacrées à la lutte contre le transfert illicite des fonds dans le commerce extérieur. “Des rapports confidentiels ont été adressés à la cellule de traitement de l'information financière et du système monétaire ainsi qu'aux procureurs de la République des territoires concernés", a indiqué le gouverneur de la Banque d'Algérie. N M