Dans le but de lutter contre le marché informel de la devise, “illégal et interdit", le gouverneur de la Banque d'Algérie a annoncé des mesures incitatives au profit des futurs bureaux de change et des ménages pour les encourager à recourir au marché légal des devises. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a mis l'accent, hier, sur le caractère “illégal et interdit" du marché parallèle de devises en Algérie. “Il ne faut pas confondre entre le marché interbancaire de change et le marché parallèle des changes : le premier étant réglementé et soumis au contrôle de la Banque d'Algérie et au contrôle a posteriori des banques commerciales, le deuxième étant illégal et interdit par la réglementation en vigueur", a-t-il expliqué à l'occasion de ses réponses aux questions des députés à l'Assemblée nationale portant sur le rapport de conjoncture de 2011 qu'il leur a présenté lundi dernier. Plus explicite, M. Laksaci a précisé que “seuls les banques commerciales et les bureaux de change sont autorisés par la loi à vendre et à acheter la monnaie nationale". Dénonçant “les transactions illicites qui se font au marché parallèle des devises", il a estimé qu'elles “encouragent la fuite des capitaux et l'évasion fiscale". Ces déclarations de M. Laksaci à propos du marché parallèle de la devise en Algérie interviennent suite à celles formulées la semaine dernière par le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui avait annoncé que “le gouvernement va combattre le marché informel de la devise" car “la loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise", contredisant le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia qui, lui, avait indiqué que dans le marché parallèle de la devise, les citoyens “trouvent leur compte", estimant que le marché noir de la devise ne doit pas être interdit, non sans ajouter que “les autorités connaissent très bien ces personnes qui alimentent le marché informel de la devise". Ainsi, dans le but de lutter contre le marché informel de la devise, le gouverneur de la Banque d'Algérie a annoncé des mesures incitatives au profit des bureaux de change et aux ménages pour les inciter à recourir au marché légal des devises. “Les ménages profiteront, à titre d'exemple, d'incitations relatives à la convertibilité courante du dinar, donc au droit de change", a-t-il ajouté. S'agissant des bureaux de change, ils bénéficieront, annonce-t-il, d'“un relèvement de la marge de rémunération sur les commissions estimée actuellement à 1%". Selon M. Laksaci, cette mesure permettra de rendre cette activité plus concurrentielle. Il fera observer que la Banque d'Algérie avait accordé 40 autorisations pour la création de bureaux de change depuis 1997, mais certaines autorisations ont été retirées en raison d'infractions. Intervenant à propos du système de paiement bancaire moderne, introduit en Algérie depuis 2006, M. Laksaci a estimé qu'il avait “échoué". Son argument : “Depuis l'introduction du nouveau système de paiement, la demande sur le cash s'est emballée, c'est contradictoire et nous ne nous attendions pas à cela, c'est peut-être un phénomène socioculturel." En outre, M. Laksaci a annoncé que les billets vétustes de 200 DA, émis depuis 1983, seront entièrement retirés de la circulation par la Banque d'Algérie avant la fin de l'année. Par ailleurs, le gouverneur de la Banque d'Algérie a appelé les banques commerciales exerçant en Algérie à accompagner le pays dans sa démarche orientée vers une croissance hors hydrocarbures durable. “Les banques activant en Algérie devraient s'impliquer dans le financement de l'investissement et du logement surtout que l'épargne des ménages est très élevée", a-t-il préconisé. Evoquant la gestion des réserves de change, M. Laksaci a expliqué que la diversification des natures de placements de ces réserves, suggérée par certains députés, est possible à long terme, mais pas dans la conjoncture financière internationale actuelle. Le non-recours aux placements commerciaux à l'international, pourtant très rentables, est justifié par le souci de “réduire les risques" sur nos réserves, soutient-il. Environ 64% des placements des réserves de change de l'Algérie, estimées actuellement à plus de 190 milliards de dollars, sont investis en bons souverains, 14,9% en bons gouvernementaux et 8% dans une institution financière internationale, explique-t-il. N M