L'ouragan Sandy s'est invité dans la campagne présidentielle américaine, à moins d'une semaine du scrutin. Ce pourrait être un tournant de la campagne présidentielle américaine. L'ouragan, qui s'est abattu dans la matinée de mardi sur la côte Est des Etats-Unis, a d'ores et déjà rebattu, selon des observateurs, les cartes de la compétition que se livrent Barack Obama et Mitt Romney pour conquérir la Maison-Blanche. Si Sandy risque d'affecter la participation dans les Etats de l'Est, traditionnellement favorables aux démocrates, la gestion de la catastrophe pourrait bénéficier dans les urnes au président sortant. Obama a eu les feux des médias avec Sandy, qui a fait des dégâts plus importants que ceux enregistrés dans la même région en 2011 lors du passage d'Irene. La veille de l'arrivée de l'ouragan, il était à Washington pour tenir une réunion de crise non-stop. Obama, après avoir interrompu sa campagne électorale, devait surveiller les évolutions de Sandy avec les ministres et chefs des agences gouvernementales concernés par la gestion de l'ouragan. “La priorité est de faire en sorte de sauver des vies", a déclaré Obama lors d'une allocution à la Maison-Blanche à l'issue de l'ouverture de la réunion de crise. L'interruption de sa campagne à un moment crucial a permis à Obama d'endosser le costume présidentiel et de rappeler qu'il est le “Commander in chief". Par contre, Mitt Romney lui s'est contenté d'annuler une réunion publique en Virginie pour une tournée dans l'Ohio. Le candidat néoconservateur n'aura fait l'impasse que sur les meetings prévus sur le passage de Sandy, alors que l'ouragan a détourné tous les regards aux Etats-Unis, reléguant la campagne électorale au second plan. L'image d'Obama pourrait donc sortir renforcée de la gestion de cette crise. Le premier président noir des Etats-Unis a tiré leçon des erreurs commises en 2005 par le président républicain Bush junior, qui avait été particulièrement critiqué pour sa réaction, jugée trop lente, après le passage de l'ouragan Katrina, qui avait ravagé la Louisiane. Cependant, les démocrates ne pavoisent pas, car Sandy risque d'affecter la participation électorale dans les Etats de l'Est américain, où le vote anticipé, traditionnellement favorable au parti de l'âne, a déjà débuté. Et les trois “Swing States" potentiellement touchés, la Caroline du Nord, la Virginie et le New Hampshire, constituent d'importants gisements électoraux. Là, Sandy pourrait jouer un mauvais tour au candidat démocrate à sa propre succession. Dans les derniers sondages nationaux réalisés, le président sortant semble reprendre de l'avance sur son challenger. Une étude Ipsos/Reuters la veille du passage de l'ouragan créditait Obama de 49% des intentions de vote, contre 46% pour Romney. Sandy, qui a frappé de plein fouet la côte Est américaine, de lundi soir à mercredi matin, avec des rafales de vent, des trombes d'eau et la montée du niveau de la mer, a fait des dizaines de morts aux Etats-Unis, plongé dans le noir une grande partie de New York et inondé le sud de Manhattan. Plusieurs millions de foyers étaient privés d'électricité : plus de 1,3 million de personnes dans l'Etat de New York, plus de 5 millions sur l'ensemble du territoire. Les dommages causés pourraient s'élever à 10 à 20 milliards de dollars, selon le cabinet d'études en gestion du risque Eqecat. D. B