À une semaine de l'élection présidentielle américaine, les deux candidats à la Maison-Blanche sont au coude à coude. Les sondages jouent au yoyo et la presse, selon ses tendances, assumées pour certains et édulcorées pour d'autres, y va de ses pronostics et de ses projections. En plein marathon électoral, l'ouragan Sandy, qui balaye la côte est américaine, vient compliquer davantage la bataille électorale. Il offre, certes, un répit pour les deux candidats, complètement carbonisés par une débauche d'énergie inouïe, mais il renforce l'incertitude au sujet de l'issue finale de ce scrutin. Le président sortant a dû annuler son ultime meeting prévu hier en Virginie, un Etat qui devrait voter pour lui. Le président est retourné à la Maison-Blanche pour suivre, à partir de la cellule de crise, l'évolution de l'ouragan Sandy. Le spectre de l'ouragan Katrina, qui avait endeuillé la Louisiane, est sur toutes les langues et c'est le scénario que voudrait éviter, à tout prix, le président sortant. Dans la même Virginie, Mitt Romney a dû annuler son meeting prévu dimanche dernier, tout comme le vice-président Joe Biden a renoncé au sien.Certains sondages donnent Mitt Romney vainqueur avec 50% des voix, alors que le président sortant ne devrait recueillir que 47% des voix, mais dans la majorité des sondages, Barack Obama reste toujours en tête et conserve une légère avance sur son adversaire. Si le prestigieux Washington Post a choisi le camp de Romney, le New York Post a clairement opté pour Obama, dans cette bataille où tous les coups sont permis, les considérations raciales redeviennent à la mode. Ainsi, de sérieux sondages avancent que si la popularité du président sortant reste quasi intacte chez les Noirs, les Blancs plancheraient pour le mormon Romney. Beaucoup d'analystes n'hésitent pas à avancer que le président sortant devrait aller chercher les voix qui lui manquent auprès des Hispaniques et des Asiatiques. Dans les Etats qui ont déjà commencé à voter, les résultats accordent une légère avancée du président sortant, mais son adversaire le talonne de près et, parfois, le dépasse dans certains Etats. Les équipes de campagne des deux candidats font du porte-à-porte pour essayer de convaincre les électeurs par anticipation, et dans cette folle course, tous les moyens sont bons : les églises, les associations caritatives, les concerts de musique. Mais ce sont surtout les grands électeurs qui sont les plus sollicités par les deux candidats. Les équipes de campagne savent que la bataille finale se jouera sur un fil de rasoir, comme ce fut le cas pour l'élection précédente, alors ils jettent toutes leurs forces durant cette ultime ligne droite et espèrent, jusqu'à la dernière minute, faire pencher la balance des indécis en leur faveur. Les Etats-clés sont les plus sollicités et au regard des résultats annoncés par des médias interposés, le président Obama garde une légère avance, mais reste sérieusement menacé par son adversaire qui pourrait, à tout moment, revenir à sa hauteur et le dépasser sur la ligne d'arrivée, ou comme pour la dernière élection, à l'opération de recomptage des voix dans certains bureaux de vote. Les débats télévisés, organisés durant le mois d'octobre, entre les deux candidats ont permis de booster la popularité de Romney, jusque-là tenu en respect par le président sortant. Si la première manche de ce débat avait été totalement en faveur du candidat républicain, face à un président sortant complètement sur la défensive, les deux autres manches ont vu le démocrate revenir en force et passer à l'offensive. Mais cette opération “hollywoodienne" ne sera pas déterminante pour l'issue du scrutin, selon les analystes, qui font remarquer que la profusion de sondages, souvent commandés par les deux candidats, est une autre forme d'influencer le choix des électeurs indécis. Le travail de proximité, allant jusqu'au harcèlement des électeurs, bat son plein et malin celui qui dira qui des deux candidats l'emporterait le 6 novembre. Dans ce climat d'incertitude, l'ouragan Sandy est cet invité-surprise que les deux candidats auraient voulu éviter à tout prix, sachant que la côte est américaine compte le plus grand nombre d'électeurs, mais c'est surtout le détournement de l'intérêt des médias qui se braquent tous présentement sur l'ouragan et ses conséquences, reléguant la campagne présidentielle au dernier plan. A. B.