En 2009, Hamou Amirouche publiait aux éditions Casbah, Akfadou : un an avec le Colonel Amirouche. L'essai-témoignage a rencontré un franc succès auprès des lecteurs, ce qui a entraîné sa réédition plusieurs fois. Une année après, Saïd Sadi écrivait Amirouche : une vie, deux morts, un testament. Le livre, riche en révélations, fut accueilli avec un grand enthousiasme par les lecteurs, mais il n'a pas manqué, aussi, de susciter une polémique interminable, par presse interposée, entre ceux qui saluaient l'ouvrage et ceux qui, sans avoir été forcément des acteurs de la Révolution, ont cru devoir remettre en cause notamment la thèse avancée quant à la mort d'Amirouche. Ces deux ouvrages ont le mérite de souligner l'intérêt du public pour les livres ayant trait à l'histoire dès lors qu'elle est écrite sans censure. La célébration du Cinquantenaire du recouvrement de notre Indépendance, grand moment d'histoire et de mémoire, a vu la publication de mémoires, biographies, documents, témoignages, essais — et même des fictions — retrouvent les faveurs des lecteurs et du monde éditorial. L'année 2012 a d'abord été marquée par la publication, le 19 mars dernier par les éditions Barzakh, des mémoires du couple Chaulet, Une vie pour l'Algérie. Une voix, deux mémoires. Ce même éditeur a également présenté, lors du dernier Salon international du livre d'Alger (Sila), un ouvrage de référence intitulé Histoire de l'Algérie à la période coloniale (coédition avec les éditions La Découverte). Ce recueil collectif, dirigé par quatre historiens (Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Sylvie Thénault, Ounassa Siari-Tengour). Les éditions Média Plus s'impliquent depuis des années dans le débat sur l'histoire avec de nombreux essais et documents sur le sujet, notamment le 17 Octobre des Algériens de Marcel et Paulette Péju, suivi de la Triple occultation d'un massacre de Gilles Manceron, Ni valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie après l'indépendance de Pierre Daum, l'Arme secrète du FLN, comment de Gaulle a perdu la guerre d'Algérie de Matthew Connelly, Des soldats tortionnaires. Guerre d'Algérie : des jeunes gens ordinaires confrontés à l'intolérable (témoignage) de Claude Juin. L'historien Daho Djerbal a publié, il y a quelques semaines, aux éditions Chihab — qui ont déjà un parcours intéressant dans la publication de livres historiques —, l'Organisation spéciale de la Fédération de France du FLN. Beaucoup de biographies ont également été publiées, cette année. Elles sont dédiées à des personnages qui appartiennent à l'histoire, bien souvent controversés. À chaque nouvelle publication, une polémique naît. Les compagnons, les amis, les enfants de personnages (re)mise en question dans les textes, montent au créneau, apportent des vérités ou des contrevérités, embrouillent les lecteurs, mais participent assurément au débat sur l'histoire. Une histoire pas toujours très claire, avec beaucoup de zones ombragées. Abane Ramdane fait partie des personnages qui intéressent beaucoup d'historiens et de chercheurs, mais qui fait partie également des figures qui attisent les passions. Concernant le cinéma, et parce que l'entreprise de réalisation d'un film demande beaucoup de moyens, des budgets ont été débloqués mais aucun film n'a encore été produit dans le cadre du Cinquantenaire. On aura beaucoup de biopics, mais pour cela, il faut attendre le courant de l'année 2013, voire 2014. Cependant, Zabana ! de Saïd Ould Khelifa est sorti, et a fait beaucoup de bruit autour de lui. Beaucoup de gardiens de la morale lui ont reproché son point de vue, qui reste celui d'un cinéaste, d'un créateur, d'un artiste qui crée des fictions et ne participe aucunement à l'écriture de l'histoire. Le cinéma, comme la littérature par le truchement de la fiction, participent au débat sur la mémoire, et travaillent davantage sur les représentations sociales et non sur l'identité nationale. S. K.