A Bamako, les chefs d'état-major ont succédé aux experts pour finaliser le plan d'opération de la force composée de milliers de soldats de leurs armées qui devra reconquérir le nord du Mali occupé par des islamistes armés. A moins de trois semaines de la date limite fixée par le Conseil de sécurité, le 26 novembre prochain, les chefs d'état-major des pays membres de la Cédéao ont pris le relais des experts militaires internationaux, hier, à Bamako pour étudier le plan d'opération de la force composée de milliers de soldats de leurs armées appelée à reconquérir le nord du Mali occupé par des islamistes armés. Ils s'attelleront à détailler les plans de l'opération, au moment où des négociations se tiennent à Ouagadougou et Alger avec des délégations du mouvement islamiste Ansar Dine, afin qu'ils se distancent d'Aqmi. Les chefs d'état-major de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest doivent se prononcer sur le “concept stratégique" de la reconquête du nord du Mali, mis au point pendant une semaine à Bamako par des experts internationaux, africains et occidentaux. Une fois approuvé, ce concept, qui doit préciser la composition de la force, le niveau de participation des pays de la Cédéao qui en constitueront le noyau, le financement et les moyens militaires dont elle devrait disposer, devra ensuite l'être par les dirigeants politiques africains. Il sera alors transmis, avant le 26 novembre, au Conseil de sécurité de l'ONU qui, le 12 octobre, avait voté une résolution donnant à la Cédéao 45 jours pour préciser ses plans de reconquête du nord du Mali. “Il s'agit de s'entendre sur un concept d'opération pour aider rapidement le Mali à récupérer le Nord", a déclaré à l'ouverture de la réunion le général Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major de l'armée malienne. “Je peux vous affirmer que nous sommes prêts à jouer notre rôle", a-t-il dit. “Le concept stratégique soumis aujourd'hui est la fois flexible, innovant et consensuel. Il est flexible, parce que notre champ de divergences s'est progressivement réduit pour aller vers un consensus", a-t-il ajouté. Le général guinéen Sékouba Konaté, chef de la Force africaine en attente (FAA), chargé par l'Union africaine (UA) de superviser la préparation de la force de la Cédéao au Mali, assiste à la réunion. “Je voudrais saluer déjà le travail qui a abouti à l'élaboration du concept. Les crises auxquelles le Mali est confronté sont préjudiciables à la paix dans la sous-région", a-t-il déclaré. Des troupes non africaines pourraient participer à la reconquête du Nord si les chefs d'Etat africains donnent leur accord, avaient indiqué lundi des experts à l'issue de leur réunion. Jusqu'à présent, l'envoi de troupes non africaines a toujours été écarté par la France et les Etats-Unis, prêts à un appui logistique. Mais des responsables ouest-africains espèrent une intervention de leur aviation, qui pourrait s'avérer décisive pour chasser les groupes islamistes. Un responsable africain avait également indiqué que “le nombre de militaires" de la force de la Cédéao, “pourrait atteindre les 4 000 au lieu des 3 000 initialement prévus" et qu'ils seraient répartis “un peu partout" au Mali. Pendant ce temps, la médiation burkinabé poursuit à Ouagadougou ses discussions avec Ansar Dine, l'un des groupes islamistes contrôlant le nord du Mali avec Aqmi et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Une délégation d'Ansar Dine devait rencontrer hier après-midi le président Blaise Compaoré, médiateur au nom de la Cédéao, après plusieurs entretiens avec son ministre des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé. Blaise Compaoré veut convaincre Ansar Dine de rompre avec ses alliés jihadistes d'Aqmi et du Mujao, d'opérer un éventuel rapprochement avec les rebelles touareg laïcs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). M T./Agences