Barack Obama rempile pour quatre ans, au bout d'une élection qui aura tenu en haleine toute l'Amérique, mais aussi le monde entier. C'est une élection à suspense comme l'aiment bien les Américains. Le président sortant et son rival ont cru, jusqu'au bout en leurs chances et on tenu en haleine médias et électeurs. La semaine qui a précédé le vote a été cruciale dans la désignation du locataire de la Maison-Blanche. Le vote par anticipation a attiré des foules nombreuses, notamment en Floride et dans l'Ohio, deux Etats-clés dans le décompte final, en raison du nombre des grands électeurs dont ils disposent (29 et 18 respectivement). Des chaînes interminables se sont formées devant les bureaux de vote et les électeurs ont dû attendre six heures pour exprimer leur choix. Les églises ont été mises à contribution, tout comme les universités et surtout les médias. Chaque candidat a bénéficié de soutiens où race, religion et âge ont été des facteurs déterminants dans la désignation du président. Les noirs et les hispaniques ont voté majoritairement pour Obama, alors que les blancs ont donné leurs voix à Romney. Les vieux ont voté républicain, tandis que les jeunes et les femmes ont voté démocrate. Les experts en sondages et autres études de comportement n'ont rien laissé au hasard. Mais l'élection devait être serrée et incertaine et jusqu'au bout, le suspense aura été total. Jusqu'aux dernières heures de lundi, les deux candidats continuaient à animer des meetings électoraux. Obama animait son dernier discours dans l'Iowa, à 23 heures (heure locale), tandis que sa femme animait dans l'après-midi un meeting en Caroline du nord, un Etat-clé où l'ancien président Bill Clinton est venu appuyer Barack Obama. C'est que l'Etat, qui avait voté Obama en 2008, risquait d'opter pour Romney, selon les sondages. Michelle Obama avait juste le temps de rejoindre son mari pour son ultime meeting où le chanteur Bruce Springsteen tenait en haleine la foule nombreuse. Mitt Romney était, au même moment, au New Hampshire, soutenu par son épouse, qui s'était, elle aussi, impliquée dans la campagne électorale. Jusqu'aux dernières minutes, les deux candidats sont restés en contact avec les électeurs sans jamais perdre l'espoir de voir le cours du scrutin pencher en leur faveur. La difficulté de départager les deux candidats relève beaucoup plus de leurs lacunes, que de leurs performances, selon bon nombre d'analystes. Obama n'a pas tenu toutes ses promesses électorales de 2008, comme la fermeture de la prison de Guantanamo, le retrait des troupes d'Afghanistan ou la réduction du chômage ou encore la réduction de l'énorme déficit budgétaire. Il est vrai qu'il a été élu en pleine crise financière, mais ses adversaires lui reprochent de ne pas avoir fait les efforts nécessaires pour renverser la situation. Son rival n'a pas convaincu, non plus, même s'il a réussi à soigner son image durant la campagne électorale et rallier les mécontents de la présidence Obama. Mais pour beaucoup d'Américains, les élections, qui sont en fait, une sorte de “tout en un" — où l'on doit élire les sénateurs, les députés, les juges, les procureurs et même, dans certains Etats, participer à des référendums locaux — sont, d'abord, d'ordre local. Le jour du vote, les deux candidats ont continué à faire campagne. Si le président sortant, Barack Obama a choisi d'aller jouer au basket-ball, entre deux apparitions télévisées et radiophoniques et un tour au siège de sa permanence électorale à Chicago, le gouverneur du Massachussetts, Mitt Romney, lui, a choisi de rester dans son bastion, Boston. Mais aucun média ne parle, ne serait-ce que de façon laconique, du troisième candidat en course pour la présidentielle. Il s'agit de Gary Earl Johnson, ancien gouverneur du Nouveau Mexique, du parti libertarien. Un petit parti californien qui ne dispose pas des gros moyens de campagne des démocrates et des républicains et qui n'a pas droit de cité dans les médias. Et pourtant, il est en course et son nom figure sur le bulletin de vote. La “dictature" des deux partis traditionnels éclipse tout le reste. Devant les bureaux de vote, les représentants des candidats continuaient à mener campagne et à distribuer des tracts. Certains électeurs sont venus avec des autocollants au nom de leurs favoris, d'autres criaient à qui voulait les entendre qu'ils ne voulaient plus accorder quatre ans supplémentaires à Obama, alors que d'autres ont préféré garder pour eux leurs choix respectifs. La loi interdit la campagne électorale à seulement 50 pieds des bureaux de vote et des panneaux sont déposés pour le rappeler à tout le monde. Plus loin, tout est permis, alors, les alentours des bureaux de vote sont envahis par des affiches électorales et des partisans des candidats sont fortement présents pour faire une ultime campagne. On vote dans les écoles, dans les églises et des édifices publics, mais jamais dans des bâtiments privés. Des juges, mais aussi des observateurs des candidats sont présents dans tous les bureaux de vote. Les électeurs ont été quasi unanimes à considérer les questions économiques comme étant leur première préoccupation durant ce scrutin. Que ce soit au niveau local ou national, les Américains continuent à s'inquiéter au sujet des conséquences d'une crise économique ou d'une récession. Ils ne cachent plus leurs craintes de voir la Chine devenir une sérieuse menace pour leur économie, elle qui est en train de racheter une bonne partie de la très importante dette américaine (six mille milliards de dollars). La bataille était aussi rude pour le Sénat et le Congrès. Si le premier semble pencher légèrement pour les démocrates, le second sera plutôt légèrement dominé par les républicains. À mesure que les bureaux de vote fermaient et que les chaînes de télévision balançaient leurs premières prévisions, les prédictions d'une élection serrée se confirmaient et dans les deux camps, on se tenait le ventre, même si du côté des démocrates, l'ambiance était plutôt détendue et la confiance régnait, contrairement au camp républicain où l'inquiétude se lisait sur tous les visages. Tout le monde était accroché aux écrans de télévision qui annonçaient les premières estimations à partir de 19 heures 30 (heure locale). Jusqu'à 21 heures, Mitt Romney avait une franche avance sur son rival, notamment dans les Etats du Sud et du Mid West. Mais dès la fermeture des bureaux de vote de la côte ouest, la tendance s'est inversée. Barack Obama est repassé en tête, grâce notamment aux Etats comme la Californie qui, à elle seule, lui offre 55 grands électeurs, tandis que son rival se contentait d'Etats lui procurant un nombre beaucoup plus inférieur de grands électeurs, comme l'Idaho ou le Montana (respectivement 3 et 4 grands électeurs). Le quartier général du candidat Obama à Chicago grouillait de monde en cette nuit électorale et chaque annonce d'une avancée démocrate était accompagnée d'explosion de joie. Partout, à travers le pays, les comités de campagne s'apprêtaient à fêter la réélection du président. À 22 heures déjà, tous les analystes avançaient que la victoire de Barack Obama était désormais inévitable et commençaient déjà à expliquer le pourquoi de cette victoire, notamment grâce au vote déterminant des hispaniques en faveur du président sortant. Ces hispaniques, qui devraient devenir dans une vingtaine d'années, majoritaires au sein de la population américaine, au détriment des blancs, ont été tout bonnement ignorés par le camp républicain. CNN, Abc, CNBC, FOX et les principales chaînes nationales annonçaient, à 22 Heures 15, la victoire de Barack Obama, donnant lieu à une explosion de joie à Times Square à New York. L'Empire State Building est devenu totalement bleu, aux couleurs des démocrates à l'annonce, par les chaînes de télévision, des prévisions de réélection d'Obama. À Chicago, au QG de campagne du candidat démocrate, c'est l'euphorie. Même ambiance au centre-ville de Chicago, ou encore devant la Maison-Blanche à Washington DC. Obama venait de dépasser la barre des 270 grands électeurs nécessaires pour devenir le 44e président des Etats-Unis d'Amérique. Avec 274 voix, avant même le comptage des Etats restants, le démocrate a mis fin, plutôt que prévu, au suspense promis. Dans un tweet, le président réélu s'est adressé à ses électeurs en les remerciant et en leur disant que sa victoire il la leur devait. Une heure après l'annonce des prévisions, la stupéfaction, mêlée à la déception, étaient perceptibles sur tous les visages et personne n'osait s'exprimer sur ce qui venait de se passer. Mitt Romney s'était éclipsé et tout le monde attendait sa réaction à chaud. Il a dû attendre jusqu'à une heure du matin pour faire un petit discours pour annoncer qu'il venait juste de téléphoner au président Obama pour le féliciter de sa victoire. A. B.