L'agitation qu'ils voulaient susciter après leur libération n'a pas eu l'effet médiatique qu'ils souhaitaient. Le 2 juillet 2003, Ali Benhadj et Abassi Madani sont libérés. Si le second avait quitté la prison de Blida quelques années avant pour bénéficier du régime de la résidence surveillée, le second est allé jusqu'au bout de sa peine en espérant en tirer gloire et profit politique. Le numéro 2 du parti dissous qui refusait de faire une quelconque concession a été jusqu'au bout de sa logique d'intégriste en assumant son parcours. Le jour de sa libération, il refuse de signer le procès-verbal lui rappelant les interdictions auxquelles il reste soumis. Accueilli, devant la prison par une cinquantaine de familles qui lui criaient à la face : “Assassin tu es, assassin tu resteras”, Ali Benhadj, le commanditaire des assassinats de leurs enfants, n'a pas hésité à reverser dans la provocation en dépit des restrictions que lui impose la loi. Il se dirige d'abord vers le domicile de son complice Abassi Madani, avant de tenter une incursion au siège de l'Enrs puis à la Maison de la presse, pour disait-il, faire un démenti à la télévision et à l'adresse d'un confrère de la presse écrite. Benhadj ne réussira pas son coup médiatique. Mais quelques jours après, il reprend le chemin des mosquées pour prendre le pouls de sa popularité, après douze ans de prison. Encore un coup d'épée dans l'eau. Le numéro 2 de l'ex-FIS a été même rappelé à l'ordre par les services de sécurité qui veillent sur l'application des restrictions que lui impose la rigueur de la loi. Mais Ali Benhadj n'est pas de ceux qui respectent cette dernière. Un magistrat qui a eu à traiter son dossier, affirme, dans les colonnes d'un confrère, que le chef islamiste qui haranguait les foules à la fin des années 1980, et le début des années 1990 et a conduit des milliers jeunes Algériens vers les maquis terroristes, reste “un homme dangereux”. “J'ai toujours insisté, disait-il, sur la nécessité d'emprisonner l'accusé à une peine très lourde, il ne mérite pas de sortir de sitôt, il a toujours été dangereux et il l'est encore plus”. Les algériens qui mesurent à sa juste valeur la responsabilité de Ali Benhadj et ses collègues dans la terrible tragédie qui les a frappés. Sa libération et celle de Abassi Madani n'ont pas eu l'effet escompté par les résidus de fidèles qui leur restent, même s'ils continuent à tenter de revenir par la grande porte sur la scène politique par le biais de complicités politiques et de calculs machiavéliques en prévision de la prochaine échéance électorale. L'exfiltration du numéro 1 du parti dissous fait partie de ce jeu pernicieux qui met, sans doute, la république en danger au lieu de la mettre définitivement hors de portée des démons intégristes. S. R.