Le leader de l'ex-FIS, Abassi Madani, a confirmé, hier, que son départ vers l'étranger est loin d'obéir aux seuls impératifs médicaux. Après sa première sortie publique réservée aux deux chaînes satellitaires arabes, Al-Djazira et El-Arabiya, à partir de la lointaine Malaisie, où il séjournait pour des “soins”, voilà qu'il récidive en s'exprimant cette fois-ci sur les ondes de la chaîne radiophonique française Radio France Internationale (RFI). Dans son interview, où il a répondu aux questions du journaliste en français, Abassi Madani annonce qu'il est en train de “préparer une initiative pour arrêter ce bain de sang”. Tout en se retenant de s'épancher davantage et de mieux détailler les contours de sa fameuse entreprise politique qui semble être, pour le moment, en gestation. Arguant que “ce n'est pas maintenant que je peux vous dire exactement ce que je dois faire”. Pour ce qui est des attentats terroristes perpétrés par ses ouailles, Abassi Madani dira : “On doit les arrêter.” Ce que Abassi Madani a omis de dire, c'est que son parti est le principal responsable de la tragédie que subit encore le pays et qui lui a coûté plus de 100 000 morts et plus d'une vingtaine de milliards de dollars. En somme, Abassi Madani s'est mis dans la peau d'un sapeur-pompier faisant mine d'oublier que lui et son “jeune génie” Ali Benhadj sont les pyromanes. Ceci dit, il y a lieu de rappeler que le 2 juillet dernier, nombre d'interdictions ont été signifiées à Abassi Madani avant sa libération, ne rechignant point à signer le procès-verbal du parquet où toutes ces interdictions étaient énumérées une par une. On se souvient que lors de sa première sortie publique, faite le 25 août dernier, Abassi Madani n'a pas suscité une réaction officielle rapide. Il a fallu attendre la bipartite gouvernement-Ugta, tenue les 5 et 6 septembre pour que le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s'exprime enfin sur la question. Il s'est contenté de dire mollement que “la République est solide, l'anarchie sous toutes ses formes est terminée” et que “Abassi Madani a terminé sa peine, il devait vivre certaines conditions dictées par la loi”. Cela pourrait dire que les déclarations de Abassi Madani ne gênent point le pouvoir actuel. Aussi, il est fort semblable qu'il se pourrait même que les deux parties aient contracté un “deal”. Scénario qui a été d'ailleurs avancé par la presse. Ce qui ne semble pas être le cas avec sa deuxième sortie médiatique qui ne semblait pas avoir gagné l'accord de ceux qui lui ont permis de quitter le territoire national. La sortie médiatique de Madani est-elle derrière l'arrestation de Ali Benhadj ? Sur le site de la radio RFI, il est mentionné que l'interview avec Abassi Madani a été réalisée quelques heures avant l'arrestation de Ali Benhadj. Ce qui laisse supposer que le lien entre les deux faits n'est pas impossible surtout si l'on sait que quelques heures avant de s'envoler vers l'étranger, Abassi Madani a déclaré s'être entretenu avec son second, Ali Benhadj. C'est connu, les deux compères islamistes ne font rien sans se concerter et se répartir des tâches. N'a-t-on pas arrêté Ali Benhadj pour en savoir plus sur cette initiative que compte lancer Abassi Madani et qui échappe, dans une large mesure, aux tenants actuels du pouvoir ? Si c'est le cas, cela voudrait dire que Abassi Madani n'a pas respecté les termes du “deal” conclu, en doublant ses vis-à-vis une fois qu'il a gagné l'étranger. Autre chose. Dès son élargissement, il n'a d'ailleurs pas signé le procès-verbal sur lequel figure une batterie d'interdictions, Ali Benhadj a renoué avec son activisme politique subversif d'avant son arrestation. Il s'est permis de s'adonner à une certaine activité dans les mosquées de la capitale, de rencontrer de nombreuses personnalités politiques, d'organiser une réunion avec des cadres de son défunt parti et même d'aller à Médéa pour rendre visite au sinistre Ali Benhedjar, un chef sanguinaire d'une organisation terroriste, la LIDD, qui, avec la bénédiction de la fameuse grâce amnistiante de Bouteflika qui l'a absout de ses crimes, a “repris sa place dans la société”. Se pose alors une question : pourquoi les autorités ont attendu tout ce temps pour réagir ? Ne savent-elles pas, dès qu'il a recouvré sa liberté, que le propagandiste attitré du parti islamiste a fait fi de toutes les restrictions qui lui sont imposé ? Invraisemblable. Surtout si l'on sait qu'une équipe de policiers en civil ne l'a pas lâché d'une semelle, depuis son élargissement, en le suivant dans le moindre de ses mouvements. Il est fort probable que les deux faits dont il est question plus haut ne sont pas tout à fait indépendants l'un de l'autre. Pour en revenir à l'interview avec RFI, Abassi a esquivé toutes les questions (ce qu'il pense de Oussama Ben Laden, du mandat de Bouteflika…) en soutenant ne pas avoir les éléments nécessaires pour avancer une quelconque analyse. Pour ce qui est de la décision de son interdiction d'activité et de parole, Abassi Madani l'a qualifiée d'“illégale”. A. C.