Deux avocats parmi «le collectif» qui s'était constitué en 1991 pour défendre les leaders du FIS estiment que le départ de Abassi vers l'étranger est «possible». Me Bachir Mechri considère que la libération de Ali Benhadj est devenue insistante et déduit qu'elle pourrait se faire d'ici l'Aïd. En tout cas, précise-t-il, «elle ne pourrait dépasser l'Aïd El Kébir au cas où les tractations ne pourraient aboutir dans deux jours». Me Ali Yahia Abdennour abonde dans le même sens et prévoit une libération pour au plus tard vendredi. En réaction à l'article d'hier sous le titre «Benhadj pourrait être libéré», Me Ali Yahi a - dans un entretien téléphonique avec L'Expression - tenu à préciser qu'il n'a pas eu de contacts avec la présidence de la République. Il s'agirait d'un émissaire qui aurait contacté Ali Benhadj à la prison de Blida, «selon les dires de sa famille», ajoute-t-il. Me Mechri ne voit pas d'inconvénient à l'attitude de Ali Benhadj qui refuse de quitter la prison en cas de grâce présidentielle. Il répond: «Si le pouvoir décide de le faire sortir, personne ne l'empêchera de le faire. On ne peut rester de force dans une prison.» Mais le cas Abassi Madani semble primer sur le plan médiatique. Selon Me Ali Yahia, «le cas Abassi est différent; il est en résidence surveillée, il suffit de lever l'interdiction pour qu'il puisse disposer de ses droits civiques; il peut également voyager à l'étranger». Me Mechri voit que le départ de Abassi Madani à l'étranger ne dérange pas le pouvoir. Mais il estime que la nature du pays qui va l'accueillir est importante. Cependant, sachant que sa famille au complet se trouve en Allemagne et que Rabah Kébir a été empêché de faire des déclarations politiques dans ce pays, il considère que «l'Allemagne convient au mieux à Abassi Madani». Pourvu que le pays d'accueil n'entache pas ses relations diplomatiques avec l'Algérie. Il faut rappeler que l'épouse et les fils de Abassi s'étaient installés en Allemagne depuis 1992. Grâce aux cotisations des militants de l'ex-FIS à l'étranger. Depuis, ils mènent une vie décente loin des turpitudes locales. Ils avaient été rejoints par Rabah Kébir qui avait quitté clandestinement le territoire national. En créant l'instance exécutive du FIS à l'étranger, il a provoqué la colère des autorités algériennes qui ont usé de leur influence auprès des Allemands pour l'empêcher de faire de déclarations politiques. L'aile rivale de Mourad Dhina a organisé un congrès à Bruxelles et désigné, quelques mois plus tard, une autre instance exécutive. L'arrivée de Abassi dans cette situation de course pour le leadership pourrait servir d'arbitrage. Mais elle pourrait aussi susciter les appréhensions du pouvoir. Pourtant Aït Ahmed ne manque pas de virulence et dispose de tribunes bien plus importantes. Lorsqu'on connaît les retombées du 11 septembre sur la mouvance islamiste, on en déduit que la tâche de Abassi Madani ne sera pas de tout repos.