L'avocat des deux leaders du parti dissous a fait cette déclaration à la BBC et à Reuter. «La libération de Ali Benhadj pourrait intervenir dès vendredi, c'est-à-dire à l'occasion de la célébration de l'Aïd El-Fitr». Cette déclaration a été faite hier à la BBC et à l'agence de presse anglaise Reuter. Le président de l'une des plus importantes organisations de défense des droits de l'Homme en Algérie, la Laddh (Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme) précise avoir eu «des contacts avec des émissaires de la présidence de la République». Plus important encore, «ces mêmes émissaires, à en croire cet avocat, auraient également pris langue avec Abassi Madani dans sa résidence surveillée à Alger et Ali Benhadj dans sa prison à Blida». L'avocat n'en ajoute pas moins que «des points de désaccord sont apparus entre ces émissaires et Ali Benhadj». Ces points, pour rappel, ont déjà été soulignés par la presse nationale. Cette dernière avait fait état d'une lettre signée de la main de Benhadj faisant état de son refus, par principe, de toute grâce présidentielle. Mais, Ali-Yahia Abdennour ajoute ne pas désespérer de trouver un terrain d'entente entre les deux parties avant vendredi, date probable de mise en liberté de Ali Benhadj et de levée des restrictions imposées depuis 97 à Abassi Madani. A en croire des sources concordantes, proches de ces deux détenus, la santé de ces derniers ne cesse de se détériorer. Abassi Madani, il y a de cela quelques mois, avait même été transporté en extrême urgence à l'hôpital Mustapha où de graves complications respiratoires et cardiaques avaient été détectées. Il avait rendu publique à cette occasion une lettre dans laquelle il rendait responsable sa mise en résidence surveillée de la détérioration de sa santé. Même topo, ou presque du côté de Ali Benhadj. C'est en effet, Louisa Hanoune, sur demande express du frère du détenu, qui est intervenu auprès du Président de la République. Première du genre à cette époque, Bouteflika avait brisé un tabou en répondant par écrit au porte-parole du PT pour l'assurer qu'il allait s'occuper personnellement de l'amélioration des conditions de détention de Benhadj, des visites accordées aux membres de sa famille et d'une meilleure prise en charge de ses soins devant la dégradation continuelle de sa santé. Le tabou, un de plus, était brisé. Car, depuis, de plus en plus de voix commençaient à s'élever, demandant un supplément de mansuétude de la part du premier magistrat du pays. Ces derniers temps, ces voix se sont faites encore plus nombreuses, à mesure que grandissait la rumeur faisant état de l'imminente libération de Abassi et Benhadj. Du côté de l'opposition, des ONG et des observateurs étrangers, le PT, le FFS, Human Rights Watch, Madani Mezrag, Mourad Dehina et un groupe d'ulémas et d'intellectuels arabes et musulmans ont tous saisi le Président de la République afin d'élargir ces deux personnes, mais aussi «l'ensemble des détenus politiques» à l'occasion des festivités de l'Aïd. Même du côté des institutions officielles, le président de la commission de défense et de promotion des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, a abondé dans le même sens. Ce geste, qui finira d'ôter toute couverture politique aux quelques groupuscules terroristes encore en action, ne semble pas être au goût de quelques groupuscules d'éradicateurs montés, eux aussi, au créneau depuis que la libération de ces deux détenus est devenue un fait quasi inéluctable. Car, précisent de nombreux observateurs, même dans le cas peu probable où aucun terrain d'entente ne serait trouvé entre les émissaires de la présidence et Ali Benhadj, sa libération, ainsi que celle de Abassi Madani n'en deviendrait pas moins effective dès le mois de juillet de l'année prochaine, c'est-à-dire à quelques mois à peine de la présidentielle et en plein feu de la précampagne électorale. Or, personne, ou presque, n'y a intérêt. Autant, donc, que l'élargissement des deux détenus les plus célèbres du pays se fasse maintenant...