Un Tunisien de 23 ans, Béchir Gholli, placé en détention provisoire dans le cadre de l'enquête sur l'attaque, en septembre, de l'ambassade américaine dans le quartier huppé des Berges-du-Lac, à Tunis, est décédé jeudi après son transfert en urgence à l'hôpital. Il aurait été victime d'un arrêt cardiaque suite à une grève de la faim qui aura duré près de deux mois. Une enquête a juste après été ouverte, a annoncé hier le ministre tunisien de la Justice alors qu'un deuxième militant salafiste présumé est dans un état “extrêmement critique", selon le ministère de la Santé. L'annonce du décès a été faite jeudi soir par son avocat, Abdelbasset Ben Mbarek. Selon lui, le jeune Béchir Gholli, père d'un enfant de six mois, qui est entré en grève de la faim depuis 57 jours, avait été transféré (de sa cellule) à l'hôpital, mardi, et il est mort jeudi d'un arrêt cardiaque. Il était soupçonné d'avoir participé à l'attaque contre l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre, qui avait fait, rappelons-le, 4 morts parmi les assaillants et qui, selon les autorités, avait été orchestrée par la mouvance salafiste jihadiste. “Il était innocent, il a fait la grève de la faim pour se défendre", a déclaré l'avocat, assurant que son client n'était pas un salafiste. En revanche, un second suspect en grève de la faim, Mohamed Bakhti, 28 ans, arrêté récemment, est dans un état critique, a rappelé Me Ben Mbarek. Une source judiciaire a néanmoins indiqué que deux suspects, arrêtés pour leur rôle dans l'attaque contre l'ambassade américaine, étaient hospitalisés jeudi matin dans un état critique. Des centaines de militants tunisiens, salafistes pour la plupart, avaient attaqué la représentation diplomatique américaine à Tunis le 14 septembre denier, l'incendiant partiellement, pour protester contre la diffusion sur Internet d'un film islamophobe produit aux Etats-Unis. Rappelons toutefois que plus d'une centaine de personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête, et la mouvance salafiste jihadiste a dénoncé une répression injustifiée à son encontre. La flambée de la violence salafiste intervient régulièrement en Tunisie après la révolte populaire de janvier 2011. Fin octobre dernier, deux militants de cette mouvance sunnite rigoriste étaient morts dans le quartier de Douar Hicher, dans la banlieue ouest de Tunis, lors d'attaques contre deux postes de la Garde nationale. Lundi dernier, le commandant des forces américaines en Afrique, le général Carter Ham, a affirmé, à Tunis, que le meilleur moyen de faire face aux forces extrémistes est de renforcer les dispositifs sécuritaire et militaire dans la zone arabe pour se protéger contre cette menace régionale. Lors d'une table ronde avec les journalistes, au siège de la représentation diplomatique américaine, le général Ham a indiqué avoir discuté avec ses homologues du ministère de la Défense nationale de la question de la sécurité des zones frontalières et des moyens de combattre les forces extrémistes dans la région arabe, notamment l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Il a démenti que la Tunisie ait demandé une intervention militaire américaine pour sécuriser ses frontières contre le trafic d'armes et l'infiltration des personnes. Il a, en outre, souligné que son gouvernement est disposé à apporter l'appui nécessaire à la Tunisie dans ce domaine si elle le demande.