Mohamed Benmihoub, le directeur de l'Office du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, n'est pas un gestionnaire pressé. Le spectacle désolant de la pelouse du 5-Juillet, mercredi passé, à l'occasion du match Algérie-Bosnie, n'est que le “fait d'une pluie abondante qui s'est abattue sur la capitale". Selon lui, sa direction peut du reste y remédier dans l'immédiat et offrir de nouveau, en un temps record, aux footballeurs algériens une pelouse de qualité, comme il l'a déclaré 48 heurs avant le match Algérie-Bosnie. “Le 5-juillet ne sera pas fermé tout de suite. Nous attendrons la fin de la saison pour le faire, car la FAF a encore besoin de ce stade pour les besoins du championnat et de la Coupe d'Algérie", argumente-t-il sur un ton serein sur les ondes de la Chaîne El-Bahdja. Ainsi, même si tout le monde s'accorde à dire que la pelouse du 5-Juillet est impraticable et qu'elle représente désormais un danger pour les joueurs, M.Benmihoub trouve que “nous avons encore le temps pour élaborer un plan de rénovation pour le stade". “L'OCO a largement le temps pour remédier à la situation. Il est vrai que nous n'avons pas encore lancé un appel d'offres pour procéder aux travaux de rénovation. J'estime que nous avons suffisamment le temps, jusqu'au mois de mai, pour engager une procédure qui arrange l'OCO afin qu'on puisse trouver une bonne entreprise. Les contacts ont été déjà entrepris avec le MJS pour trouver une solution. Le stade sera donc doté d'une nouvelle pelouse durant l'intersaison. Cette fois, l'on procédera après une large consultation avec les spécialistes pour réussir l'opération", a-t-il assuré. Exactement les mêmes termes tenus, il y a plus d'année, par ce même responsable, quand la pelouse du 5-Juillet avait connu pareil sinistre. Encore une fois, donc, le stade sera fermé pour quelques jours, histoire de rafistoler les choses, avant de nous servir un autre navet... sur une pelouse catastrophique. Entre-temps, d'ici le mois de mai, les Algériens seront conviés à d'autres spectacles pitoyables comme celui de mercredi passé et vogue la galère ! Même le ministre des Sports, M. Tahmi, soutient qu'il faut attendre la fin de saison pour fermer le stade. Au lieu de débloquer immédiatement les fonds nécessaires pour offrir enfin à l'Algérie une pelouse digne de ce nom, M.Tahmi préfère attendre... Godot. C'est dire que la fuite en avant dans le secteur des sports a encore de beaux jours devant elle. Pour la santé des joueurs, au MJS, il faudra repasser. En outre, à la question de savoir pourquoi la direction du 5-Juillet n'a pas pensé à couvrir la pelouse par une bâche, Mohamed Benmihoub préfère botter en touche. “Pour tout vous dire, cette bâche n'existe pas chez nous. On n'a pas pu la trouver. On a beau avoir cherché ici et là, mais en vain. Il faut dire que mettre n'importe quelle bâche aurait pu être préjudiciable du moment qu'elle risque, selon les spécialistes, d'étouffer complètement la pelouse qui sera du coup détériorée. La meilleure bâche qui devait être posée existe seulement à l'étranger. Il n'y a pas beaucoup de sociétés qui produisent ce genre de bâche. On est en train de travailler dans ce sens à travers les consultations que nous avons entreprises. Et puis, c'est une question de budget et, à ce titre, il n'est un secret pour personne que l'OCO se trouve dans une situation vraiment critique." Le mot est donc lâché : les pouvoirs publics n'ont pas débloqué l'argent nécessaire pour régler la situation du stade du 5-Juillet. “L'OCO et le MJS attendront de récupérer d'abord les fonds qui seront amputés de l'enveloppe financière programmée pour être versée dans les comptes de la société hollandaise (qui a effectué les travaux du 5-Juillet et contre laquelle l'OCO a intenté une action en justice ndlr), puisque cette dernière n'a reçu que 60% de son dû." Des travaux qui ont coûté, rappelons-le, 11 milliards de centimes... pour rien ! S L