“Comment l'Algérie de Novembre et de la Soummam est-elle arrivée à une telle anarchie et à tant de corruption et de régionalisme ? Comment la jeunesse algérienne a-t-elle atteint un tel niveau de désespoir au point de trafiquer le visa, de s'immoler par le feu ou de braver la mer ?" s'est-il interrogé. Avec un discours simple, direct et sans fioriture, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a appelé les citoyens, lors d'un meeting animé jeudi à Kouba (Alger), à voter pour les candidats de son parti pour empêcher le pouvoir “d'entraîner le pays dans sa chute". “Pour ne pas laisser le système entraîner le pays dans sa chute, il doit y avoir une forte participation des citoyens. Il faut rassembler le peuple car il est venu le temps pour lui de se réapproprier le pouvoir", a-t-il clamé avant de poursuivre : “Il faut voter pour le RCD pour imposer les priorités politiques dans la vie quotidienne des citoyens. La commune à majorité RCD est une commune qui se prémunit contre la hogra et le pouvoir maffieux, mais aussi un exemple pour les citoyens des autres communes qui peuvent exiger le respect de leurs droits." L'organisation de ce premier meeting du RCD était impeccable et la salle, recouverte des couleurs du parti et listes des candidats, était archicomble. La majorité de l'assistance est composée de jeunes qui entrecoupaient le discours du président par des applaudissements ou en entonnant à tue-tête le slogan cher au RCD : “Djazaïr hourra démoqratia". La symbiose était parfaite et Mohcine Belabbas déroulait aisément ses arguments, exhortant les citoyens à garder l'espoir et ne pas déserter les bureaux de vote pour ne pas laisser le pouvoir “imposer sa clientèle pour maintenir la corruption, la hogra et l'humiliation". La non-participation des Algériens à ces élections, c'est cela dont rêvent de “tous ceux pour qui l'implication du peuple dans la politique est un véritable cauchemar". “Ces élections sont importantes", estime-t-il, car le vote portera sur des personnes “qui géreront nos affaires quotidiennes et rendront espoir aux Algériens à travers une gestion transparente", ajoute-t-il encore. Et malgré “la fraude annoncée", le RCD s'est mis en devoir d'arracher le nombre qu'il peut d'assemblées des mains du pouvoir et de sa clientèle. “Hier, la résistance nous a menés à la mobilisation dans la rue et dans les villages pour sauver le pays. Aujourd'hui, nous devons défendre de toutes nos forces tout espace qui peut permettre aux Algériens d'influer sur la décision." Et à M. Belabbas de citer l'exemple des APC gérées jusqu'ici par le RCD pour tenter de convaincre les citoyens de la nécessité de donner leur voix aux candidats de son parti. “Nous avons remarqué qu'à chaque fois qu'un militant de l'opposition arrive à l'assemblée locale, la hogra et l'injustice diminuent", affirme-t-il. “Dans toutes les assemblées où il a été majoritaire, le RCD a prouvé qu'il peut lancer des projets et introduire de nouvelles méthodes de gestion, malgré les faibles moyens et les prérogatives réduites dont disposaient ses élus", insiste-t-il. Pour convaincre davantage la population d'aller voter, le président du RCD a brossé un tableau noir de la situation politique et sociale du pays. “Comment l'Algérie de Novembre et de la Soummam est-elle arrivée à une telle anarchie et tant de corruption et de régionalisme ? Comment la jeunesse algérienne, jadis exemple de bonté et de courage, a-t-elle atteint un tel niveau de désespoir au point de trafiquer le visa, de s'immoler par le feu ou braver la mer ?" s'est-il interrogé. Pour lui, la corruption généralisée qui gangrène le pays obéit à une stratégie bien réfléchie. “La pollution de la vie politique est étudiée et voulue. Elle reflète la volonté des dirigeants qui ont délibérément choisi une gestion maffieuse du pays pour que personne au sein du pouvoir n'ose s'opposer ou dénoncer", explique-t-il. Décidé à remettre le pays sur les rails, le RCD a adopté un discours dénonciateur et, parfois, musclé au point où certains de ses adversaires le qualifient de radical. “Notre radicalité est une nécessité politique qui nous est imposée par la conjoncture", explique M. Belabbas. A. C.