Dans son introduction des travaux du conseil national, Mohcine Belabbas a clairement posé les termes de la problématique : peut-on laisser le pouvoir local à des élus par défaut ? Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a décidé de prendre part aux joutes électorales du 29 novembre prochain. L'option de la participation a été entérinée par la majorité écrasante (près de 200 voix pour, 15 contre et 5 abstentions) des membres du conseil national qui s'est réuni hier au club El Moudjahid à Alger. Si certains crieront vite à l'“incohérence stratégique" du RCD qui en mai dernier a tourné le dos aux élections législatives, il faut dire que, hormis l'épisode de 2001, le parti de Mohcine Belabbas a été de toutes les élections municipales. Aussi, la présente décision du RCD est loin d'être une grosse surprise dans la mesure où les militants ayant participé aux regroupements régionaux organisés durant l'été ont clairement plaidé pour la participation. Ce qui est tout à fait en accord avec la ligne stratégique que s'est imposée leur parti qui, depuis sa naissance, a toujours refusé de céder le pouvoir local à ses adversaires politiques pour pouvoir servir la population. Dans son introduction des travaux du conseil national, Mohcine Belabbas a clairement posé les termes de la problématique. “Peut-on laisser la gestion des affaires des collectivités locales à des individus qui ont montré leur absence de motivation militante et leur tentation de servir de levier au pouvoir qui utilise les structures de l'Etat pour menacer et soumettre les citoyens qui revendiquent leurs droits ? Peut-on laisser le pouvoir local à des élus par défaut ?" s'est-il interrogé. Les membres du conseil national ont répondu par la négative puisque, dans les débats, la majorité des intervenants s'est prononcée pour la participation du parti aux prochaines élections locales. “Nous n'avons pas le droit d'abandonner la population face à un pouvoir cupide et sordide", s'est exclamé un membre du bureau régional de Tipasa. “Chaque parcelle locale du pouvoir grignotée est une bouffée d'oxygène pour les populations locales", a-t-il insisté. Une position que partage une militante de Tlemcen qui a estimé que “les prochaines élections sont une bonne opportunité pour rester aux côtés des citoyens". “Il est nécessaire de participer aux prochaines élections pour éviter à notre parti d'être rangé aux oubliettes", a-t-elle expliqué. Actualité politique oblige, le président du RCD a commenté le dernier changement de gouvernement qui, à ses yeux, “pose plus de questions qu'il ne donne de réponses". “Attendre quatre mois pour nommer, comme coordinateur du gouvernement, un ministre qui était déjà en place et maintenir dans les mêmes fonctions les ministres qui ont géré des départements où la crise a été la plus ressentie, souligne la persistance dans le renouvellement de l'échec", a-t-il analysé. En outre, M. Belabbas s'est étonné de la reconduction ou du rappel de ministres ayant été cités dans des affaires de corruption et qui est, à ses yeux, “une confirmation de la stratégie de gestion du pays par le chantage, la soumission et la corruption". A. C.