En cette froide et pluvieuse journée électorale de jeudi, une grande sérénité règne au siège du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à El-Biar, sur les hauteurs d'Alger. Pas d'activisme inhabituel même si, tôt le matin, plusieurs responsables du parti (Mohcine Belabbas, Hassen Mezoued, Rabah Boucetta, Fetta Sadat, Ouamar Saoudi...) étaient déjà là. Le parti a mis en place une commission de suivi des opérations de vote dans l'ensemble des bureaux régionaux où il a présenté des listes ainsi qu'une autre commission au niveau central pour récolter les informations et analyser les données. Sans protocole aucun, le président du parti nous reçoit dans son bureau. À aucun moment, il ne s'est départi de son calme olympien. “Jamais nous n'avons été aussi sereins qu'aujourd'hui. L'objectif qu'on s'est assigné en prenant part à ces élections n'est pas tant de gagner un nombre donné d'APC et d'APW que de remobiliser les citoyens pour les inciter à s'impliquer dans les batailles politiques futures. Et pour une fois, il ne s'agit pas de prouver qu'il y ait fraude électorale puisque la déclaration du chef du gouvernement qui a reconnu que le fichier électoral n'est pas complètement assaini le confirme", explique M. Belabbas avant d'enchaîner : “Pour le reste, contrairement à la promesse d'Ould Kablia, les militaires votent aujourd'hui partout et en double." “À Haizer, les citoyens ont empêché les militaires de voter", précise-t-il encore. Selon Hassen Mezoued, dans la commune de Bouzaréah, pas moins de 1 300 militaires sur les 1 900 inscrits ont voté. À Mohammadia, ce sont 2 165 sur les 2 500 militaires inscrits qui se sont rendus aux urnes. C'est dire combien le vote de ce corps a sorti de leurs gonds les cadres du parti. “Dans plusieurs communes d'Alger, nous risquons de perdre les élections à cause du vote de ce corps. C'est comme dans une course où certains coureurs ont une avance considérable par rapport à leurs concurrents", s'offusque M. Belabbas. À un moment, le secrétaire national chargé de l'organique, Rabah Boucetta, fait son entrée dans le bureau du président pour l'informer que Saïd Sadi a attendu durant plus d'une heure dans le bureau de vote, le temps que les agents puissent enfin trouver son nom sur le fichier. Ouamar Saoudi, lui, était moins chanceux puisque, raconte-t-il, son nom a totalement sauté du fichier. “Plusieurs militants du parti ont trouvé leurs noms radiés du fichier électoral. Par exemple, à Abi-Youcef, dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce sont 17 militants du parti qui n'ont pas pu voter à cause de ce problème", précise M. Belabbas. “Dans d'autres communes, à El-Kseur par exemple, les bulletins du RCD existent en quantité insuffisante. Après protestation des militants du parti, une bonne partie de ces bulletins a été trouvée à Kherrata", ajoute-t-il. D'autre part, le président du parti ne cessait de recevoir des informations faisant état d'incidents et de dépassements dans plusieurs régions du pays. “À Zéralda, le nombre de bulletins FLN est plus important que celui des autres partis. Dans plusieurs autres bureaux de la capitale, des militants de ce même parti étaient présents à l'intérieur des écoles pour influencer sur le vote des électeurs", dénonce M. Belabbas qui a fait part de bourrage d'urnes à Chlef et Tizi Ouzou. Aux environs de 17 heures, les responsables du parti assurent que le taux de participation était très faible sans pour autant se faire trop d'illusions quant au taux qui sera annoncé officiellement par le ministre de l'Intérieur. La grande satisfaction des responsables est la participation importante des citoyens de Kabylie aux élections locales. Aux dernières législatives, le taux de participation officiel à Tizi Ouzou était de 19% alors que pour les locales, il a atteint les 40%. “La présence du RCD a boosté la participation des citoyens de cette région au vote. Un gap aussi important du taux de participation ne peut avoir une autre signification", analyse un militant du parti. A. C.