Le FFS a refusé de s'allier avec le RCD pour arracher le contrôle des APC où aucune majorité n'est distincte, a révélé hier Saïd Sadi. Dans une conférence de presse qu'il a animée hier au siège de son parti, le président du RCD, Saïd Sadi, a longuement évoqué les irrégularités qui ont émaillé les dernières élections municipales partielles. Il a parlé, en brandissant des témoignages écrits et autres documents, certifiant ses assertions, de la manipulation du fichier électoral ; de l'appropriation des moyens de l'Etat par les partis de l'alliance présidentielle notamment le FLN et le RND ; du changement de noms sur des listes électorales le jour où la veille du scrutin (l'exemple donné est celui de la liste FLN à l'APC de Béjaïa qui aurait subi dix suppressions, modifications ou rajouts de noms) ou encore du dopage des urnes dans certaines circonscriptions. Ali Brahimi, membre de l'exécutif, a cité le cas d'un bureau de vote de la commune Akaouadj (wilaya de Tizi Ouzou) où le nombre de votants s'est avéré, à l'heure du dépouillement, nettement supérieur à celui des électeurs dûment inscrits. Le leader du RCD n'a pas manqué d'attirer l'attention sur l'uniformité des bulletins de vote, qui a créé une grande confusion dans l'esprit des électeurs, une fois seuls dans l'isoloir. D'autant que 48% des citoyens adultes de la Kabylie (chiffre avancé par le Dr Sadi) sont analphabètes. “Cela dénote d'une volonté de fraude, émanant des hauts responsables de l'Etat”, a commenté le conférencier, qui a précisé que toutes les plaintes, introduites par les candidats lésés, ont été jugées irrecevables par la justice. Les incendies, qui ont ciblé le siège du RCD et les nombreuses intimidations et agressions dont ont été victimes ses militants, relèvent d'une tentative d'empêcher les électeurs du parti d'aller voter massivement, a analysé Saïd Sadi. Il a soutenu, par ailleurs, que le pouvoir a tout fait pour réduire au maximum le taux de participation en Kabylie (faible couverture des élections par les médias lourds, non retransmission des débats animés lors de la campagne électorale…). “En dépit de tout cela, un taux de participation de 33% a été enregistré dans toute la région, installée de longue date dans une méfiance chronique contre toute forme de scrutin”. Le président du RCD a précisé que la dénonciation des actes de fraude constatés sur le terrain ne saurait être assimilée “à de la lamentation de notre part, mais à une contestation citoyenne”. À cet égard, il a sérié les aspects positifs du scrutin du 24 novembre. “On n'a pas fini d'appréhender et d'évaluer la portée des résultats du scrutin. On peut pourtant d'ores et déjà dire que la Kabylie (…) est prête à renouer avec sa matrice d'animation démocratique. La police politique vient d'essuyer son premier revers historique au profit du pouvoir citoyen”. Ce message est suivi par un engagement ferme de la part du RCD à “concrétiser, durant ce mandat de 18 mois, les promesses électorales dans les assemblées où nous aurons la majorité”. Sur ce plan, la majorité absolue d'un parti donné est atteinte dans peu de communes de la Kabylie. Le jeu des alliances s'avère alors primordial pour que la formation politique ayant décroché le plus grand nombre de voix sans obtenir la majorité des sièges, arrache le contrôle de l'APC. Dans cette optique, le RCD devra compter sur des partenaires autres que le FFS, lequel a refusé son offre de faire cause commune. “C'est un choix politique que je déplore”, a regretté Saïd Sadi, qui aurait souhaité “des alliances au sein de l'opposition démocratique”. Il a assuré que “le problème de majorité ne se posera pas”. Sur la faiblesse du score des partis islamistes, le président du RCD a souligné qu'il ne faudrait pas “analyser ce phénomène en Kabylie, où les islamistes n'ont jamais été réellement présents, mais dans le reste du pays”. L'hospitalisation prolongée du chef de l'Etat en France, remet au goût du jour, selon Saïd Sadi, le débat sur la vacance de la présidence de la République. “Le pays ne souffre pas, dans ce cas-là, de vacance institutionnelle, mais de pratiques politiques”. Abordant l'actualité du refus de l'Assemblée nationale française d'examiner la proposition d'abrogation de l'article 4 sur “le rôle positif de la présence française notamment en Afrique du Nord”, de la loi du 23 février 2005, portant “reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des rapatriés”, Saïd Sadi a déclaré que “l'exhumation de l'histoire coloniale est un reflet d'une crise politique et morale en France. Cette nation a autre chose à vendre pour se valoriser que le colonialisme”. Souhila H.