Jusqu'où iront la France et la Grande-Bretagne dans leur protestation contre la décision du gouvernement israélien de construire de nouveaux logements dans les colonies en Cisjordanie ? Se limiteront-elles comme d'habitude à une contestation ou acculeront-elles vraiment l'Etat hébreu, qui n'en fait qu'à sa tête ? Bien que leurs positions sur la demande palestinienne pour statut d'Etat observateur à l'ONU était distinctes, car Paris a voté pour, tandis que Londres a opté pour l'abstention, la France et la Grande-Bretagne ont haussé le ton hier dans leurs réactions vis-à-vis de l'Etat hébreu en lui demandant de reconsidérer sa décision d'autoriser la construction de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En effet, Français et Britanniques ont convoqué hier les ambassadeurs israéliens pour protester contre ce projet, sans confirmer toutefois d'envisager le rappel de leurs ambassadeurs en Israël, ce qui constituerait une première. Ainsi, Yossi Gal et Daniel Taub, respectivement ambassadeurs israéliens en France et en Grande-Bretagne, ont été convoqués lundi matin pour entendre “la désapprobation" de Paris et les “préoccupations" de Londres concernant l'extension de ces colonies. Berlin s'est également jointe à la protestation par la voix du porte-parole de son gouvernement, Steffen Seibert, qui a déclaré hier que “le gouvernement allemand est très inquiet de cette annonce" qui envoie “un mauvais signal", avant d'ajouter : “Israël sape la confiance dans sa volonté de négociations." Stockholm a aussi réagi à la provocation israélienne par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, qui a annoncé avoir convoqué l'ambassadeur d'Israël pour protester contre le projet de nouvelles implantations israéliennes à Jérusalem et en Cisjordanie. “L'ambassadeur d'Israël vient d'être convoqué au ministère des Affaires étrangères afin que nous soulignions encore notre point de vue sur ces questions. La même chose est faite à Londres et à Paris", a déclaré Carl Bildt lors d'un débat sur les relations israélo-palestiniennes au Parlement. Ceci étant, la France et la Grande-Bretagne ont souligné les “obstacles" qu'un tel projet fait peser sur une solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien. Ce qui semble le plus inquiéter Londres, c'est que les nouvelles constructions annoncées “rendent potentiellement de plus en plus difficile à atteindre une solution basée sur deux Etats avec Jérusalem en capitale partagée". “Si elle est confirmée, cette décision de construction serait grave. Elle constituerait un obstacle sérieux à la solution de deux Etats, en portant atteinte à la contiguïté territoriale d'un futur Etat palestinien", avait pour sa part déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. La France et la Grande-Bretagne n'ont cependant pas confirmé envisager jusqu'à présent le rappel de leurs propres ambassadeurs en Israël, ce qui constituerait un précédent dans les relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. “Toute décision sur d'éventuelles autres mesures prises par le Royaume-Uni dépendra de l'issue des discussions en cours avec le gouvernement israélien et avec nos partenaires internationaux parmi lesquels les Etats-Unis et l'Union européenne", a indiqué pour sa part le Foreign Office. Selon le quotidien israélien de gauche Haaretz d'hier, Paris et Londres envisagent de rappeler de façon concertée leurs ambassadeurs en Israël pour consultation. “Cette fois, ce ne sera pas juste une simple condamnation. De vraies mesures vont être prises contre Israël", a déclaré un diplomate européen cité par Haaretz. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé dimanche que le projet de nouvelles implantations israéliennes à El-Qods-Est et en Cisjordanie porterait un “coup presque fatal" au processus de paix israélo-palestinien censé établir deux Etats côte à côte. “Les colonisations sont illégales au regard du droit international, et si (ce projet) venait à se concrétiser, cela porterait un coup presque fatal aux dernières chances de garantir une solution à deux Etats", a rappelé le patron de l'ONU, cité par son porte-parole, Martin Nesirky, dans un communiqué. Dans une déclaration au ton particulièrement sévère pour le gouvernement israélien, M. Ban souligne que ce projet “risque de couper totalement (El-Qods-Est) du reste de la Cisjordanie". “C'est avec une grande inquiétude et une profonde déception que le secrétaire général a appris l'annonce par Israël" de ces nouvelles implantations, indique le communiqué. M T