Alors que rien ne laisse présager d'une ouverture dans la crise politique entre le président Morsi et l'opposition, l'armée égyptienne rompt le silence. Les événements ont pris une nouvelle tournure, hier, avec le communiqué rendu public par l'armée égyptienne, dans lequel elle a estimé que “le dialogue est la meilleure et la seule voie" pour résoudre la crise qui oppose le président islamiste Mohamed Morsi à l'opposition depuis plus de deux semaines. Dans cette première réaction officielle aux troubles que connaît l'Egypte, le porte-parole des forces armées a affirmé que “la voie du dialogue est la meilleure et la seule voie qui permet d'arriver à un compromis et de représenter au mieux les intérêts de la nation et de ses citoyens". Le communiqué, qui appelle au “respect de la légalité et des règles démocratiques sur lesquelles nous nous sommes tous entendus", résonne comme un véritable avertissement aux protagonistes, car il souligne que faute de dialogue “nous emprunterions un sentier obscur qui déboucherait sur un désastre. Nous ne saurions le permettre". “L'armée s'est toujours tenue aux côtés du grand peuple égyptien et est déterminée à préserver son unité", ajoute encore le texte. Ceci étant, le calme régnait hier matin aux abords du palais présidentiel au Caire, cerné la veille par une foule manifestant contre le chef de l'Etat, mais la grave crise politique qui divise le pays persistait malgré le possible report d'un référendum décrié par l'opposition. Une centaine de manifestants étaient toujours à proximité du palais, dans le quartier d'Héliopolis, surveillés sans tension par les soldats qui bloquent l'accès au site à l'aide de barbelés et de blindés. La veille au soir, plus de 10 000 opposants au président islamiste Mohamed Morsi s'étaient massés devant la présidence. Nombre d'entre eux étaient parvenus à franchir les barbelés pour s'approcher sans incident des murs du complexe présidentiel, sans toutefois y pénétrer. Dans l'espoir de calmer les esprits, le vice-président Mahmoud Mekki a laissé entrevoir un geste en direction des opposants, affirmant que le président Morsi “pourrait accepter de reporter le référendum". Il a, cependant, demandé que l'opposition ne se serve pas de ce report, contestable au vu du calendrier légal, pour saisir la justice contre Mohamed Morsi. Le vote des Egyptiens de l'étranger, qui devait débuter samedi, a quant à lui été reporté à mercredi prochain. L'une des figures de proue de l'opposition, Mohammed El-Baradeï, a rappelé vendredi soir que les demandes des adversaires de M. Morsi portaient, outre le report du référendum, sur le retrait du décret lui accordant des pouvoirs élargis. Sur le plan international, il y a lieu de signaler que la crise égyptienne a amené le président américain Barack Obama à exprimer sa “profonde inquiétude" sur l'évolution de l'Egypte, contrastant avec les félicitations adressées à M. Morsi par la communauté internationale après sa médiation réussie pour trouver un cessez-le-feu dans le conflit de Gaza le mois dernier. Par ailleurs, l'Union africaine (UA) a appelé hier au “dialogue" en Egypte. Dans un communiqué publié depuis Addis Abeba, siège de l'UA, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini Zuma, “souligne l'impératif qu'il y a pour toutes les parties prenantes à ouvrir un dialogue et à travailler en vue d'un processus consensuel d'élaboration d'une Constitution". Une telle approche est indispensable “pour surmonter les difficultés actuelles et être à la hauteur de l'espoir suscité par la révolution de 2011" dans le pays, poursuit le communiqué. M T