C'est choquant ! Absurde ce qui se passe autour de nous, sur cette terre d'Islam! En Arabie Saoudite, en date de 29/3/1431 de l'hégire, une fatwa a été émise par le Comité des fatwas à l'encontre des fleurs. Une fatwa interdisant aux musulmans de vendre les fleurs dans des hôpitaux ou de les offrir aux malades. Sous prétexte qu'offrir les fleurs à un malade est une tradition importée d'une culture produite par les athées (al koffar). Sous prétexte aussi que les fleurs ne font pas guérir les malades. Certes les roses ne sont pas des médicaments à l'image de pénicilline ou d'Aspégic. Mais les fleurs par leur fragilité sont plus fortes que plusieurs médicaments fabriqués dans les grands laboratoires. Elles ont leurs forces magiques capables de vaincre les plus violentes maladies : la mélancolie, le pessimisme, l'envie de suicide... Je ne suis pas toubib. Mais je connais quelque chose dans la force des fleurs dans la littérature, dans la poésie et dans l'amour. Elles représentent pour le malade un remède psychologique important. L'espoir. L'optimisme. Le sourire. Offrir une fleur à ta femme, à ta fille, à ta mère, à ton frère, à ton cousin, à ton voisin, à ta voisine, à ta fiancée ou à ta bien-aimée est un geste angélique dans sa symbolique. C'est un geste de partage d'amour et de confiance et de respect. Dans toute leur histoire, et depuis quinze siècles, les musulmans respectaient la culture des fleurs. Les poètes ont écrit des milliers de poèmes en éloge à la fleur. En Andalousie musulmane, à Baghdad ou à Damas, à Tlemcen ou à Fès, les citoyens adoraient les fleurs. Et le prophète, lui-même, aimait les parfums. Le prophète Mohammed (QSSSL) a dit dans un hadith : “On m'a fait aimer, dans ce bas monde, les parfums et les femmes..“. La culture de l'élégance était une tradition des musulmans. Les “attarines" (fleuristes, droguistes et arboristes) faisaient partie de la société arabo-musulmane. Je vous propose de lire le roman algérien de “hikayat al ochchak" d'Ibn el Amir (annoté par le docteur Abou eL Kacem Saâdallh) que je considère comme le premier roman algérien de langue arabe, écrit en arabe algérois. Dans ce texte, la communauté des fleuristes joue un rôle très important dans la cité. Je vous propose aussi de lire le livre d'Ibn Hazm Al Andalousi intitulé “tawk al hmam" (le collier du pigeon) où les fleurs et les fleuristes sont le signe et l'emblème de toute une civilisation de tolérance et d'amour. A. Z. [email protected]