Résumé : Youcef revint à de meilleurs sentiments envers moi et j'en fus heureuse. Mes lecteurs continuaient sur leur lancée, et m'envoyaient des messages. Je devins le psychologue des femmes révoltées qui passaient à la rédaction pour me proposer des sujets brûlants. Il avait fallu une mésentente avec mon mari pour que ma carrière prenne un autre élan. Un coup du hasard ? Peut-être bien, mais je savais que cette situation n'allait pas durer éternellement. Les femmes sont comme ça. Elles sont prêtes à monter sur la lune, mais il suffirait d'un petit coup de vent, pour que toutes les ambitions s'anéantissent. C'est pour cela que nous sommes toutes parfois déçues, avant même d'avoir entamé un dixième de ce que nous voulions faire. Je découvrais de plus en plus le raisonnement féminin. Les unes et les autres des femmes de notre société avons des divergences d'idées. Heureusement d'ailleurs, car entre un niveau d'instruction et un autre, il y a un monde. Seulement, ce qui m'étonna le plus, c'était l'entêtement de quelques femmes au foyer, sans instruction aucune et même sans avenir (hormis leur cuisine et les enfants) a venir réclamer des droits qu'elles venaient tout juste de découvrir. Quelques collègues hommes vinrent me retrouver pour me demander d'aller plus doucement dans mes investigations afin de ne pas éclabousser la réputation du journal. Cette phrase à elle seule me mettra hors de moi. Qu'est-ce que je suis donc pour jouer avec la réputation de mon gagne-pain ? Et quel toupet ont ces hommes pour m'imposer leurs opinions ? J'étais décidée plus que jamais à aller de l'avant. Loin de me décourager, cette réaction inattendue de ces hommes me motiva. Je compris que je touchais un point sensible, un point qui suscite de la jalousie, de l'envie et bien sûr un certain rejet. L'idée de lancer un forum féminin sur le Net et un débat quotidien avec mes semblables, renforça davantage mes motivations. Je suis une alliée des femmes, mais je ne suis pas une ennemie des hommes. Ce que je me suis assigné pour but, c'était de permettre aux deux sexes de s'exprimer afin de trouver un point d'entente. Et encore, je ne suis pas une Klara Zetkin, une Lady Diana ou une mère Theresa. Je ne suis rien d'autre qu'une petite journaliste, qui avait voulu traiter un sujet concernant les femmes et leurs préoccupations. Je suis loin d'être une militante des droits de la femme, mondialement reconnus. Pourquoi donc me met-on des bâtons dans les roues ? Je tentais d'en parler avec Youcef, mais mon mari était très occupé par les multiples sujets qu'il traitait. Parfois, il s'endormait sur la table de travail, épuisé. Mais au fond, je savais que lui aussi tentait de donner raison à ses collègues hommes et à tout ceux qui estimaient que je ne pouvais changer le monde, en étalant noir sur blanc, les problèmes féminins. Mehdi commence à marcher. Il avait plusieurs dents et lorsqu'il souriait deux fossettes creusaient ses joues. Je recommandais à la nurse de ne pas trop le laisser trotter à travers la maison, car il ne tenait pas encore assez bien sur ses pieds et risquait de se blesser en tombant. Elle me rétorqua qu'elle connaissait son travail. Son ton était acerbe : - Vous parlez des droits de la femme, me dit-elle, vous demandez l'égalité et vous êtes vous-même en train d'imposer vos idées. - Où est le problème pour vous là-dedans, répondis-je sur le même ton. - Je n'ai aucun problème, si ce n'est ces ordres que vous distillez chaque fois que vous revenez à la maison, alors que vous passez votre journée à traiter des préoccupations de femmes que vous estimez lésées dans leurs droits. (À suivre) Y. H