Résumé : Mehdi endormi, nous reprenons notre conversation. Youcef insistait sur le fait que les femmes d'aujourd'hui avaient gagné le droit à l'instruction et au travail. Chose que n'avaient pas nos aïeules. Je rétorquais que ces dernières avaient vécu libres et fières. Avait-il oublié ces héroïnes qui avaient marqué notre histoire? Mehdi se remet à pleurer, et nous interrompons la discussion. Youcef voulait encore une fois me mettre au pied du mur mais ce n'était pas chose aisée pour lui car je ne voulais en aucun cas ni le froisser ni lui donner raison. Je pense que j'étais bien placée aussi pour comprendre que si les femmes que j'avais rencontrées étaient capables de tenir tête, elles ne pouvaient pas éternellement lutter contre un état d'esprit qui ne s'y prêtait pas. Je me lève pour m'occuper de mon fils. Mon Mehdi aussi deviendra un homme me dis-je en le berçant dans mes bras. Il essayera lui aussi d'imposer ses idées. D'ici là, les femmes auraient-elles gagné davantage de liberté ? Ou bien, seraient-elles des assistées prise entre les griffes d'une société mâle ? En berçant mon bébé, je regardais Youcef qui faisait les cent pas entre le salon et la cuisine. Il alla se préparer un café, puis vint me demander si je n'avais besoin de rien, car il comptait sortir prendre l'air. Je n'avais pas fait les courses car je n'étais plus ressortie. Alors je le chargeais de faire quelques emplettes. Mehdi se rendort, et je me retrouve seule. Je repense à mon mari. Il était toujours élégant, jeune et beau. Et moi donc ? Je courus dans la salle de bains pour jeter un coup d'œil à mon reflet. Je retins un cri. Echevelée, démaquillée, les yeux cernés et rouges, les pommettes saillantes et je parlais des droits de la femme ! Où est donc passée mon élégance et ma fierté d'être femme ? Je remplis la baignoire et pris un bon bain chaud. Je me sentais bien plus relaxée et plus détendue. Je m'allongeais alors un moment dans ma chambre, avant de me sécher les cheveux et de m'habiller. Je passais une crème hydratante sur mon visage qui brillait, et un contour des yeux pour camoufler les cernes. Je mis du parfum sous les lobes de mes oreilles. Je souris en repensant à Youcef. Un entêté mon mari, un dur quelque part. Et je ne suis pas un ange non plus. Non, je ne veux pas donner aux autres l'exemple d'une femme soumise, alors que j'avais désormais décidé de lutter pour les droits de la femme. Je ne vais pas être de celles qui apprécient le dicton “Sois belle et tais-toi". Non, je serais plutôt de celles qui allieront la beauté à l'intelligence pour arriver à une stabilité sociale. Youcef revint avec les achats. Il déposa tout sur la table de la cuisine et me rejoignit dans notre chambre : -Hum, tu sens bon. -Je viens de prendre un bain. -Je vois, tu as profité de mon absence pour te relaxer et te changer les idées. C'est bien, je crois que tu ne vas pas refuser de préparer le dîner. -Pas du tout, mais tu vas t'occuper de Mehdi. Je ne pourrais pas être au four et au moulin. -Tu n'as pas à le demander, je vais m'installer dans sa chambre avec un bon livre. Il dort comme un ange. J'espère que la fièvre ne reviendra pas. -Je l'espère aussi. La soirée se passe agréablement. Youcef me raconte des anecdotes qui me font rire aux éclats, alors que Mehdi que j'avais mis sur sa chaise, semblait aller beaucoup mieux. Je le change et lui administre ses médicaments, avant de le remettre dans son lit. Youcef avait récupérer son oreiller dans le salon et s'était retiré dans notre chambre. La meilleure façon de me prouver qu'il voulait faire la paix. Les jours passent. Mon reportage sur les femmes avait suscité des réactions parfois imprévisibles. Le red'chef me propose d'ouvrir une rubrique hebdomadaire, pour traiter des sujets se rapportant à tout ce qui pouvait rehausser le niveau des débats entamés avec les lecteurs. Je ne faisais plus équipe avec Youcef. Lui avait préféré continuer dans ses sorties quotidiennes pour d'éventuelles couvertures politiques ou autres. Je ne voulais pas m'enliser dans un seul thème moi non plus. J'étais censée traiter avec mes lecteurs, et je tentais de trouver des réponses logiques à toutes leurs réclamations. Ma notoriété ne s'en porta que mieux. Ma signature ne passait plus inaperçue. Des femmes vinrent à la rédaction pour me proposer des sujets “brûlants". Je devins le psychologue qui en les écoutant raconter leurs malheurs, panse leurs blessures profondes. Quand j'y repense ! (À suivre) Y. H