Le défi politique, c'est le passage d'un système autoritariste et patrimonialiste à un système démocratique ouvert. Le pouvoir en Algérie se caractérise par l'autoritarisme, le paternalisme et le patrimonialisme. Le totalitarisme, c'est le refus de tout contre-pouvoir jusqu'au rejet du non-alignement. Vous n'avez de choix pour survivre que de proclamer avec beaucoup de zèle votre allégeance. Les instruments utilisés sont l'état d'urgence sous une forme spécifique, le monopole sur les médias lourds (TV et radios) et tout un arsenal d'instruments répressifs apparents ou déguisés, autour de la carotte et du bâton. Le paternalisme, c'est la présence d'un chef qui dit être en contact direct avec “son peuple" et qui vassalise toutes les institutions. Le patrimonialisme, c'est la présence d'un chef entouré de cercles de courtisans qui se font la compétition par le zèle de l'allégeance afin de bénéficier des gratifications du chef grâce à l'utilisation de la rente et la prédation. Alors que la société dans son ensemble est considérée comme arriérée, non apte à l'action politique, donc négligée. La présence concomitante de l'autoritarisme, du paternalisme et du patrimonialisme mène à la corruption du pouvoir, à savoir un pouvoir émietté où les différents clans détiennent une parcelle infime de pouvoir tout en croyant en détenir la totalité. Le mode de production de la richesse s'appuie sur les hydrocarbures, donc la rente. Les recettes de la rente sont distribuées à travers la prédation. La rente et la prédation mènent vers la corruption de l'argent. La corruption du pouvoir et la corruption de l'argent mènent vers la corruption généralisée de l'ensemble des institutions. La société algérienne est en voie de perdre sa morale collective et elle dérivera durant cette décennie vers la dislocation de la nation. La violence sera alors le seul moyen de règlement des conflits. Seul un changement pacifique du système de gouvernance peut éviter au pays cette catastrophe. J'espère que l'année 2013 sera la période préparatoire à l'étape d'endiguement des crises, par la convergence entre les différentes initiatives pour le changement, dans le cadre d'alliances stratégiques et de construction de réseaux, pour la création d'un rapport de force et d'un pouvoir de proposition et par la jonction avec les fractions saines de l'administration et du pouvoir réel. L'ouverture d'un débat sur l'avenir de l'Algérie est le premier acte dans cette direction. À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme ! A. B.