Par crise, il faut entendre la crise multidimensionnelle que vit l'Algérie. Cette crise se manifeste par cinq dimensions : 1- la dimension politique caractérisée par un pouvoir autoritariste et patrimonialiste ; 2- la dimension culturelle autour de la place des langues, de la religion, de l'identité et du projet de choix de société ; 3- la dimension économique et sociale, à savoir, un pays riche et un peuple pauvre ; 4- la dimension sécuritaire avec la violence comme seul moyen de règlement des conflits, dans un contexte aggravé par la perte de la morale collective et la corruption généralisée. De même l'agression à l'arme blanche, en tous lieux et en tout temps, contre des citoyens sans défense ; 5- la dimension de gouvernance et la dérive d'un Etat défaillant vers un Etat déliquescent. C'est une crise qui se caractérise par cinq dimensions, parmi lesquelles, une dimension fondamentale, c'est la crise politique qui ne peut être réglée que par le changement du pouvoir autoritariste et patrimonialiste par un pouvoir démocratique. La refondation du système de gouvernance est la clé à la résolution des autres dimensions de la crise. Autrement dit, la priorité doit aller au changement du système de pouvoir et à la refondation du système de gouvernance. Le régime en Algérie se caractérise par l'autoritarisme et le patrimonialisme dans l'exercice du pouvoir et par la rente et la prédation dans l'allocation des ressources. Or le totalitarisme et le patrimonialisme mènent vers la corruption du pouvoir, alors que la rente et la prédation mènent vers la corruption de l'argent. La corruption du pouvoir signifie l'émiettement de celui-ci en l'absence d'un pouvoir central fort. La présence, en même temps, de la corruption du pouvoir et de la corruption de l'argent, ouvre la voie à la corruption généralisée de l'ensemble des composantes du régime. La corruption généralisée du régime débouche sur un Etat défaillant. Lorsque l'Etat défaillant fait face à l'expression des mécontentements par des émeutes, il dérive vers un Etat déliquescent compte tenu de la faiblesse sinon l'absence de la puissance régalienne de l'administration. Enfin, l'Etat déliquescent et l'absence de morale collective engendrent une forte probabilité des toutes sortes de dérives : embrasements majeurs, effondrement des institutions, désarroi de la jeunesse, violences et souffrances de toutes sortes. Un régime patrimonialiste est un régime qui bénéficie d'une rente confortable qui rassemble autour du “CHEF” un groupe de courtisans prêts à se distinguer par leur zèle dans l'allégeance et à s'assurer ainsi toutes sortes de gratifications. Pour sa part, la société, dans son ensemble, demeure écartée des préoccupations du sommet, ses problèmes n'étant guère pris en considération. Dans la troisième chronique, je proposerai une lecture inédite des évènements qui ont précédé le déclenchement de la Révolution de Novembre. En attendant, échangez entre vous sur les meilleurs moyens de constituer une élite puissante et influente. À jeudi prochain. A. B. Réagissez à cette chronique en envoyant vos mails à abrousliberté@gmail.com