Les rideaux sont tombés et la quatrième édition du Festival national du théâtre amazigh a fait couler, comme il fallait bien s'y attendre, des larmes de joie et d'autres de déception ; mais ce n'est que partie remise, nous disent les comédiens bons joueurs. Ils, mais aussi elles, sont venus des quatre coins du pays et de là où l'on s'y attendait le moins. 14 troupes manipulant différentes variantes de la langue amazighe au grand plaisir des spectateurs au Théâtre régional de Batna, où l'on a joué à guichets fermés depuis le coup d'envoi jusqu'au tomber de rideau. Une semaine durant, aussi bien sur les planches du Théâtre régional de Batna que sur la scène de la Maison de la culture, troupes, coopérative, association de théâtre ont donné le meilleur d'elles-mêmes, racontant des histoires, donnant du rêve, se remémorant le passé lointain des aïeuls, mais aussi brossant un tableau sombre de la réalité par le verbe, le geste, la mimique. Et il faut reconnaître qu'ils progressent, les adeptes du théâtre en langue maternelle. De Batna, la pièce “Ikenker", traduite de la célèbre pièce de théâtre “Rhinocéros", ou “Therga n'ouamen", de Béjaïa “Tametuth Ny" (mon épouse), de Tizi Ouzou avec la coopérative théâtrale Tislith, ou encore de Sétif, de Ouargla, d'Oum El-Bouaghi, de Ghardaïa, Tamanrasset..., aucune troupe n'est venue faire de la figuration. Bien au contraire. Dans leur majorité, elles ont séduit. Les membres du jury, à l'exemple de Kamel Zrara, comédien au Théâtre régional de Batna, Aït Ouali Touna (comédienne), Hassen Azzisi (metteur en scène), avouent avoir trouvé toutes les difficultés du monde pour départager des talents aussi prometteurs mais, comme pour chaque compétition, il faut un best, et dans différentes catégories. Les nominés ont versé des larmes de joie, et la famille du théâtre ainsi que le grand public ont applaudi à rompre la bâtisse. Le grand prix a été attribué à la troupe du théâtre de Béjaïa avec la pièce “Tametuth Ny" avec mérite et haut la main. “Ikenker", du metteur en scène Samir Oudjit (TR Batna) rafle à lui seul 4 prix : scénographie, mise en scène, meilleur rôle masculin et meilleur rôle féminin pour la sémillante Hiba Oudjite, qui a appris son rôle en chaoui quelques jours avant le festival. Elle a obtenu son prix en ex-æquo. Le prix spécial a été décerné à deux comédiens, de même que le meilleur texte à deux auteurs : Kadouane Âmri et Hadjra Messaoud. Le public a vécu également des moments envoûtants et pleins d'émotion lors de l'hommage rendu à M. Lambarkia, ancien directeur du Théâtre régional de Batna, et à Chaâbane Zerouki. Les grands absents de la soirée de clôture sont aussi bien les autorités locales que les représentants de la tutelle culturelle. Présent à la cérémonie, le directeur de la culture de la wilaya de Batna, et en dépit de certaines défections, ne cache pas sa satisfaction, surtout que l'on constate que la tradition d'un théâtre amazigh est bel est bien instaurée. R H