Un vibrant hommage est rendu depuis hier à Tizi Ouzou au chahid Abane Ramdane, l'un des architectes de la Révolution algérienne, à l'initiative du comité de village Azouza, terre natale de Abane, en collaboration avec l'APC de Larbaâ Nath-Irathen, la Direction de la culture et le bureau ONM de Tizi Ouzou pour marquer le 55e anniversaire de son assassinat. Pour cette première journée, une table ronde a été organisée hier matin à la salle de conférences de la maison de la culture Mouloud-Mammeri et a donné lieu à un débat autour du parcours de ce combattant et de son rôle historique durant la Révolution, depuis son jeune âge alors qu'il était lycéen à Blida. Une occasion propice pour “crever l'abcès" sur sa liquidation perpétrée par ses compagnons d'armes le 26 décembre 1957 au Maroc, dans une ferme isolée, entre Tétouan et Tanger. Même si les organisateurs de cette manifestation ont insisté sur le fait qu'“il était préférable de parler de l'œuvre et du combat d'Abane", l'assistance a voulu en savoir plus sur “son assassinat qui constitue une page noire dans l'histoire de la Révolution algérienne" comme le rappellera Ouali Aït Ahmed, officier de l'ALN et responsable du bureau ONM de Tizi Ouzou. “Comme il a été déjà déclaré dans cette même salle, notamment par Daho Ould Kablia, en sa qualité de président de l'Association des anciens du Malg, avec l'assassinat d'Abane Ramdane, l'Algérie a raté un grand virage", a-t-il estimé. Et de s'interroger : “Pourquoi Abane fut assassiné quelques jours après son retour d'Egypte après avoir dénoncé le train de vie des responsables de la Révolution de l'extérieur ? Lui a-t-on reproché le fait d'avoir dit qu'une République algérienne islamique est un concept auquel ne croient pas ses promoteurs résolument engagés dans un combat pour la liberté et non dans un combat de religion ?" “Qui a tué Abane ?" se sont élevées alors de nombreuses voix dans l'assistance. En réponse à la question d'un intervenant, Abane Ali, un proche d'Abane Ramdane, dira : “Concernant son assassinat, ce n'est plus un secret, tout a été dit à l'occasion de certaines rencontres par le passé. Nous préférons que ce rendez-vous soit un moment de témoignages autour de l'œuvre et de la vie d'Abane Ramdane. Il y a plusieurs années, Lakhdar Bentobal, lors d'une réunion avec les anciens du Malg, a avoué à demi-mot qu'Abane a été assassiné par ses compagnons de lutte." “C'est nous qui avons tué Abane Ramdane !" avait-il déclaré. “Oui, qui nous ? Les cinq colonels du 2e CCE (Comité de coordination et d'exécution), c'est-à-dire Krim Belkacem, Ouamrane, Bentobal lui-même, Mahmoud Chérif et Boussouf, c'est pourquoi, je dis qu'il est plus instructif de s'intéresser à l'homme et à son parcours que de se lancer dans une polémique interminable sur sa mort", a insisté l'orateur. Toujours est-il que la nombreuse assistance a eu droit, hier après-midi, à la projection du film Dargaz Am mi !, réalisé par Ahcène Osmani pour le compte de l'ONM. K T