Faut-il ou non éradiquer le marché informel de la devise ? Le gouvernement lui-même, semble-t-il, n'a pas de réponse claire sur la question. En octobre 2012, nous avons assisté à une véritable cacophonie gouvernementale. Elle a commencé avec la sortie du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, indiquant que “le marché noir de la devise ne nous dérange pas". Pour le ministre de l'Intérieur, “le citoyen y trouve son compte tant qu'il n'existe pas de bureaux de change". Ce n'est pas l'avis du ministre des Finances qui a souligné que “le gouvernement va combattre le marché informel de la devise. La loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise". “Dans l'économie, il existe un marché officiel. Il n'y a pas de place pour le marché noir", avait-il ajouté. Quelques jours après, Karim Djoudi tempère ses propos, estimant qu'“en fin de compte, ce circuit est là car la demande sur le marché dépasse l'offre". Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a également, insisté sur le caractère “illégal et interdit" du marché parallèle de devises en Algérie. “Il ne faut pas confondre entre le marché interbancaire de change et le marché parallèle des changes : le premier étant réglementé et soumis au contrôle de la Banque d'Algérie et au contrôle a posteriori des banques commerciales, le deuxième étant illégal et interdit par la réglementation en vigueur", avait-il expliqué à l'occasion de ses réponses aux questions des députés à l'Assemblée nationale portant sur le rapport de conjoncture de 2011. Pour M. Laksaci, “seules les banques commerciales et les bureaux de change sont autorisés par la loi à vendre et à acheter la monnaie nationale". Mais pour, Djamel Benbelkacem, directeur conseiller à la Banque d'Algérie, les choses ne sont pas aussi simples. “L'opinion et la presse croient qu'il suffit d'ouvrir des bureaux de change pour que le marché parallèle de la devise disparaisse. Ce n'est pas vrai. La Banque d'Algérie a donné 48 agréments pour l'ouverture de bureaux de change. Mais ils ont fermé les uns après les autres, parce que dans les conditions actuelles de fonctionnement de notre économie, ils ne sont pas rentables", avait-il indiqué. Lies Kerrar, président de Humilis Finances, explique que si le marché informel de la devise s'est développé, c'est tout simplement parce qu'une demande de devises des Algériens n'est pas satisfaite par le marché formel. De l'autre côté, comme cette demande existe, il y a une partie de l'offre de devises, qui au lieu de passer par les circuits formels, essaie de satisfaire cette demande en utilisant un marché informel qui s'est organisé. Le marché parallèle de la devise n'est pas prêt de disparaître. M. R.