L'annonce de la “démission" d'Ahmed Ouyahia, faite jeudi, sonne le début de la course pour la présidentielle de 2014. À peine annoncée, cette démission est vite liée à celle, probable, du patron du FLN. Si cela se vérifie, force est de reconnaître que ces deux patrons des deux premiers partis du pays ont été instruits par ceux qui les ont cooptés de se mettre en retraite, pour permettre de lancer la bataille de 2014, selon un scénario préétabli, estiment des observateurs. Le départ d'Ouyahia pourrait n'être que provisoire, une sorte de recul nécessaire pour un retour en fanfare. Cela, au cas où le président Bouteflika déciderait de ne pas briguer un nouveau mandat ou prolonger l'actuel. Tout reste, en effet, suspendu au projet de révision de la Constitution qui devrait être dévoilé avant l'été prochain, si l'on tient à sauver les formes et respecter les délais. Mais tout porte à croire que le président Bouteflika, passé maître dans l'art de maintenir le suspense, attendrait le dernier moment pour abattre ses cartes et clarifier sa position. En fait, il ne s'agirait pas d'une révision constitutionnelle, au sens propre du terme, mais juste d'une réponse que tout le monde attend, pour savoir qui sera de la course en 2014. En attendant, ce sont les “aspirants" à la succession de Bouteflika qui sont affaiblis, mis en difficulté et, présentement, écartés, le temps de voir de quoi accouchera la révision constitutionnelle. Ahmed Ouyahia se met, donc, “en réserve de la République", selon la formule consacrée. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est au moment où le parti revient en force, lors des élections locales et surtout sénatoriales, que le patron du RND a décidé de jeter l'éponge. Celui qui a pris le contrôle du “parti de l'administration", en 1999, pour déloger Benbaïbèche, lui-même coopté à la tête du parti, a-t-il payé le prix fort de la “trahison" commise en 1999 ? Possible, d'autant plus que les animateurs de la fronde au sein du parti ne sont pas, au sens propre du terme, des militants convaincus ou des politiciens chevronnés. Toujours est-il que le retrait d'Ahmed Ouyahia, comme celui probable d'Abdelaziz Belkhadem, pose un sérieux problème : ces deux hommes, contrairement aux autres “présidentiables", à l'image de Mouloud Hamrouche ou Ali Benflis, ne disposent pas de soutiens réels, en dehors des cadres partisans. Ahmed Ouyahia a tout fait pour se faire des ennemis. Commis de l'Etat par excellence, il a assumé toutes les tâches ingrates et impopulaires. À moins d'un consensus, en haut lieu, pour l'imposer comme alternative au départ éventuel d'Abdelaziz Bouteflika, le désormais ex-patron du RND aura du mal à rebondir. Idem pour Abdelaziz Belkhadem qui, une fois débarqué de l'appareil du FLN, ne pourrait même pas compter sur “les affairistes" qu'il a imposés au sein du parti. La mise à l'écart du patron du RND, en attendant celle de Belkhadem, obéit-elle à un scénario qui voudrait faire le vide avant le lancement de la course à la présidentielle ? Fort probable, dans le cas où le président Bouteflika entendrait briguer un quatrième mandat. Dans ce cas de figure, et en l'absence d'alternatives, il apparaîtrait comme l'inévitable solution. Si un tel scénario venait à se mettre en place, on verrait bien les appareils du FLN et du RND, appuyés par les tous nouveaux partis créés par Amar Ghoul et Amara Benyounès, former la nouvelle alliance qui prendrait à bras-le-corps la campagne pour la reconduction du président Bouteflika. A B