Ouyahia a donc compris qu'il est vain de résister à la tectonique des plaques qui secouent le parti et le fissurent depuis longtemps. Se voulant l'antithèse idéologique du FIS et l'alter ego d'un FLN rebelle en 2007, le RND naquit «grand» pour occuper le haut du pavé dès les premières consultations électorales depuis l'arrêt du processus des législatives de 1991. Le RND a ainsi réussi, grâce à la position de sa direction dans les rouages du pouvoir, à se transformer en un appareil de fraude pour rafler la majorité des sièges à l'APN et dans les assemblées locales. Après la démission de Zeroual, la première confrontation entre les fondateurs du RND commence et les choix politiques de Benbaïbeche qui a soutenu la candidature de Hamrouche à la présidentielle de 1999, lui ont valu sa mise à l'écart et une longue traversée du désert. C'est dans le même contexte que d'autres membres de la direction du parti allaient être éjectés ou forcés de quitter le train à l'image de Bahbouh, Benidir, Sifi… C'est après la purge des contestataires qu'Ahmed Ouyahia a pris la direction du parti en 1999, pour consacrer le RND appareil politique du pouvoir aux côtés du FLN après son retour au bercail et du MSP qui avait opté pour une realpolitik rentable. A l'image du FLN, le RND développe plus une démarche politique doctrinale qu'un programme de gouvernement puisqu'il soutient le programme du président de la République et, à ce titre, il ne peut formuler un plan d'action gouvernemental qui lui est propre. A ce titre également, les oppositions à Ouyahia ne sont pas mues par une divergence politique ou programmatique mais par des considérations de pouvoir et surtout par la perspective des présidentielles de 2014. En d'autres termes, les enjeux politiciens ont toujours sous-tendu les clivages et les dissensions à l'intérieur des partis, notamment le FLN et le RND en raison de leur rôle dans les appareils de l'Etat et dans la répartition des tâches gouvernementales. Ainsi, après avoir quitté le gouvernement et toutes les fonctions officielles au sein des institutions, Ouyahia est perçu par ses détracteurs comme une menace pour le rôle du RND dans les prochaines présidentielles, comme le fut Benflis en 2004, pour une partie du FLN. A ce titre, il devait être mis à l'écart. Cependant, Ouyahia, a préféré sortir par la grande porte en remettant une démission dont les termes mettent en avant les risques d'éclatement du RND comme raison de son retrait sans faire aucune allusion à des divergences politiques ou idéologiques ni à l'échéance de 2014. Le même scénario et la même démarche s'opèrent depuis quelques temps, au sein du FLN, pour écarter Belkhadem. Mais ce dernier résiste et refuse jusque-là de céder aux pressions qui montent crescendo. Ces dynamiques intra partis sont-elles annonciatrices de la fin d'un cycle marqué par des hommes, des pratiques politiques et des coups fourrés ? Après Saïd Sadi qui s'est retiré de la scène politique sans faire de bruit, à la suite de son échec de faire bouger la rue algérienne et provoquer un «printemps» algérien, c'est Aït Ahmed qui passe la main avec les honneurs après près de cinquante ans à la tête du FFS. Peut-on parler pour autant d'un renouvellement de la classe politique ? Rien ne l'indique pour l'heure, même si la politique investit progressivement les réseaux sociaux et le monde associatif qui se réveille lentement. La manière dont les dernières élections locales et sénatoriales se sont déroulées révèle la mainmise de l'argent sur le mandat électif et sur la représentation populaire. Ces pratiques ont la peau dure et risquent de durer encore longtemps. A. G.