Résumé : Les jours s'écoulent. Ma tâche devenait de plus en plus ardue. Je devais répondre à toutes les critiques et à toutes les suggestions. Le courrier devenait de plus en plus intense, si bien que j'ai dû engager des collaborateurs pour m'aider. Je rendis visite à l'association des femmes en difficulté. La présidente est heureuse de me voir. Une conversation s'engage. Elle toussote : -Je pense qu'elles ont peur. Elles ne sont pas toutes motivées comme vous. Elles ont soit un mari qui les empêche de regarder plus loin que le bout de leur nez, soit elles sont issues d'une famille conservatrice. Vous comprenez... -Non, je ne veux rien comprendre là-dessus. -Je ne vous suis pas. -N'avez-vous pas un mari et une famille vous aussi ? -Si, si bien sûr...mais vous en convenez que nous ne sommes pas toutes pareilles. -Oui, nous sommes plus effrontées que les autres. -Non pas précisément...Vous, par exemple, êtes bien placée pour défendre ces malheureuses. Vous êtes cultivée et vous exercez un métier qui vous permet de communiquer. -Moi aussi j'ai un mari et une famille figurez-vous. -Mais vous, vous luttez pour vous maintenir à flot. -Eh bien, que toutes les femmes qui se plaignent de leur condition en fassent de même. Elle sourit : -Elles ne le pourront pas. Jamais elles n'oseront s'élever contre une éducation qui a fait d'elles des soumises. Vous oubliez les dérivés de notre société. Je pousse un soupir : -Ce que vous me racontez là, je le connais déjà par cœur. Par contre, ce que j'aimerais faire, c'est démontrer à ces femmes qu'une seule main ne pourrait jamais applaudir. Instruites ou pas, nous sommes toutes logées à la même enseigne. Le silence n'arrangera rien. Celles qui avaient osé se plaindre de leur condition bien avant nous ont été taxées de sorcières et de femmes de mœurs légères. On leur avait collé toutes les tares sociales, mais elles ont tenu bon. Grâce à elles, nous sommes un peu moins soumises aujourd'hui, mais le combat doit continuer. Pour cela nous demandons à toutes celles qui adoptent nos idées de rejoindre notre manifestation. -Très bien. Je n'ai même pas besoin de m'étaler sur le but de cette marche, vous avez déjà tout saisi. Je me lève : - Communiquez-moi tous les renseignements requis et précisez-moi la date de cette action. Je vais préparer un article plus détaillé en attendant d'être sur le terrain. -Parfait !Vous serez informée bientôt. Et, encore une fois, merci pour votre collaboration. Grâce à vous, d'autres femmes n'hésiteront pas à rejoindre notre mouvement. Je pris congé et me dirigeait vers un magasin de jouets. C'était l'anniversaire de Mehdi. Je devrais me dépêcher de rentrer à la maison. Ce soir, toute la famille sera là. J'avais chargé ma mère et ma belle-sœur de préparer le dîner et de confectionner quelques confiseries. Youcef avait commandé un gâteau d'anniversaire et des boissons chez un traiteur. Je n'avais donc plus qu'à m'empresser à choisir un cadeau pour mon bout'chou et rentrer. Dans le magasin de jouets, je tombe sur un train électrique. Sans hésitation, je le prends et demande qu'on l'enveloppe dans un papier cadeau. Je vais bientôt pouvoir jouer avec Mehdi au “Grand voyage". Il aimait ça, mon fils. Je vais lui expliquer ce que c'est qu'une locomotive, ce que sont les wagons et comment on faisait pour les mettre sur les rails et les faire avancer. J'imaginais déjà la joie de Mehdi. C'est un petit curieux qui aime toucher à tout. Emballée par ma trouvaille, je prends aussi un grand ours en peluche, un cheval, des petits moutons, des cubes, etc. Les bras chargés de paquets, je me dirige vers mon véhicule. J'entassais le tout sur le siège arrière et m'apprêtais à démarrer lorsque mon portable se met à sonner : c'était la rédaction. Je décrochais, et la voix d'une collaboratrice m'agresse l'oreille : -Désolée de te déranger mais il y a des femmes qui aimeraient te rencontrer tout de suite. -Ah non ! Pas aujourd'hui, je rentre chez moi. -Elles ne veulent rien savoir. Elles sont là depuis plus de deux heures et t'attendent. -Eh bien, explique-leur que je suis très occupée... Je ne pourrais les recevoir que demain matin. Elles peuvent s'amener à la première heure si elles le désirent. -Elles ne veulent pas quitter la rédaction sans t'avoir rencontrée. J'allais riposter lorsqu'une voix que je ne reconnus pas me demande : -Etes-vous vraiment celle qui défend corps et âme les droits de la femme ? (À suivre) Y. H.